Des centaines de milliards d’euros de dommages, et des centaines de milliers de morts. Entre 1980 et 2020, les catastrophes climatiques ont fait de lourds dégâts, calcule une étude. Selon un expert, les pays se préparent de mieux en mieux. Mais les dégâts devraient encore augmenter dans le futur.
Inondations, ouragans et sécheresses ont avant tout un coût humain, mais également un coût économique. L’Agence européenne de l’environnement (EEA) a fait les comptes : de 1980 à 2020, les catastrophes naturelles et climatiques (tempêtes, inondations, feux de forêt, vagues de chaleur ou de froid, précipitations et sécheresses, pour être exact) ont provoqué des dommages à hauteur de 450 à 520 milliards d’euros en Europe, Suisse, Turquie, Norvège et Lichtenstein inclus.
Sur la même période, elles ont également causé la mort de 85.000 à 145.000 personnes. 85% de ces morts sont dues aux canicules, et celle de 2003 a été particulièrement meurtrière, reprenant à elle seule la moitié des décès survenus lors de quatre décennies.
La répartition des dommages est également inégale : 3% des catastrophes sont responsables pour 60% des frais, dont l’ouragan Anatol qui a balayé sur l’Europe du Nord en 1999 par exemple. L’EEA utilise deux banques de données différentes, NatCatService du réassureur Munich SE et Catdat du groupe de réflexion Risklayer, d’où des disparité dans les chiffres.
Suisse et Allemagne
En termes absolus, l’Allemagne a la plus importante facture. En tout, les catastrophes naturelles et climatiques y ont coûté 110 milliards d’euros. En deuxième place suit la France, puis l’Italie. En Belgique, l’ardoise est de six milliards (où les inondations de 2021 ne sont pas incluses).
En termes de dommages par habitant, la Suisse a alors le plus de dommages (devant la Slovénie et la France), tout comme en termes de dommages par superficie (devant l’Allemagne et l’Italie).
Les pays se distinguent également en matière d’assurance : en Lituanie et Roumanie, seul 1% des biens endommagés étaient assurés, et au Danemark 56%. En moyenne, 23% des biens étaient assurés.
Mieux préparés ?
« Il y a un énorme effet aléatoire dans les événements extrêmes », explique l’expert de l’EEA en adaptation économique au changement climatique Wouter Vanneuville, au quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung. Certains pays y sont tout de même plus exposés, mais on ne pourrait pas faire de reproches à des pays en particulier d’être mal préparés, explique-t-il. Aussi, qu’un pays a des dommages élevés ne veut pas forcément dire qu’il était mal préparé. On ne pourrait pas non plus estimer quel pays serait le mieux préparé.
Toujours est-il que les catastrophes climatiques sont en augmentation. Avec le changement climatique, elles deviendront plus extrêmes encore, répètent les experts. Selon les données de l’Organisation météorologique mondiale, elles sont en augmentation depuis 50 ans. Dans l’étude de l’EEA, aucune tendance à la hausse ne se laisse cependant distinguer.
« Si l’on ne voit pas de tendance, ce n’est pas parce que le changement climatique n’est pas réel, mais parce que de nombreuses mesures sont déjà prises », nuance Vanneuville. Les pays auraient donc désormais des mesures ou des plans d’adaptations. Mais à terme, une augmentation des dommages économiques serait bel et bien possible, continue-t-il, notamment à cause de la montée des eaux et de la présence de nombreuses installations en zones côtières.
Que nous réserve l’avenir ?
Le projet de recherche de l’Union Européenne Peseta IV conclut que si la température augmente de trois degrés, au lieu de 1,5 degré, jusqu’à la fin du siècle, cela provoquerait tous les ans des canicules avec 60.000 morts, et des sécheresses provoquant des dommages de 20 milliards d’euros, supplémentaires. Les dommages le long des rivières, pour cause d’inondations, coûteraient 24 milliards d’euros en plus tous les ans, dans le cas de trois degrés Celsius de plus, et le long des côtes plus de 100 milliards en plus.
De son côté, l’atlas des risques estime que, avec une augmentation de la température modérée, jusqu’à la moitié du siècle, les dommages causés tous les ans par les inondations vont augmenter à 21 milliards d’euros. Vers la fin de la décennie les dommages coûteront entre 30 et 40 milliards d’euros. Si la température augmente plus, les dommages seront alors de 70 milliards d’euros tous les ans.