L’Occident travaille dur pour réduire sa dépendance à l’égard de l’énergie russe. Suhail al-Mazrouei, ministre de l’Energie des Émirats arabes unis, met en garde contre l’attention portée à la géopolitique, qui pourrait amener les gouvernements à négliger le fait que l’énergie soit de moins en moins abordable.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, il est devenu douloureusement clair à quel point l’Occident, en particulier l’Union européenne, est dépendant de l’énergie russe. Entretemps, les gouvernements occidentaux ont pris toutes sortes de mesures pour réduire cette dépendance. Les États-Unis, par exemple, ont promis de fournir 15 milliards de mètres cubes de gaz naturel supplémentaires à l’Europe d’ici la fin de l’année. L’Europe cherche des alternatives au pétrole et au gaz un peu partout: en Europe (Norvège), au Moyen-Orient (Arabie saoudite, Emirats arabes unis) et même en Afrique (Nigéria et Algérie).
Le caractère abordable de l’énergie
Dans une interview accordée au site d’information américain CNBC, al-Mazrouei met toutefois en garde contre les dangers qui accompagnent cette quête de l’affranchissement de la dépendance énergétique envers la Russie. « Les gouvernements risquent de négliger le caractère abordable de l’énergie à long terme », a-t-il déclaré.
Il a réitéré le message selon lequel le cartel pétrolier OPEP+ s’efforce de maintenir l’ordre sur le marché pétrolier et vise à mettre davantage de pétrole sur le marché, à un rythme gérable. « Pour ce faire, nous avons besoin de plus de ressources (financières). Nous devons investir et nous devons découpler les considérations politiques des questions de disponibilité et d’accessibilité de l’énergie », a expliqué le ministre de l’Energie.
« Je crains que nous ne nous retrouvions dans une situation où le prix de l’énergie deviendrait un problème, ce qui entraînerait certainement la pauvreté et, en fin de compte, la stagnation de l’économie mondiale. Nous faisons de notre mieux, mais nous ne pouvons pas être tenus pour responsables de tout », a-t-il poursuivi.
Réunion de l’OPEP
Le ministre saoudien de l’Energie, Abdoulaziz ben Salmane al-Saoud, affirme également que la géopolitique ne devrait pas avoir d’impact sur la politique énergétique. « Au sein de l’OPEP+, il existe une culture où tous les membres laissent la politique derrière eux dès qu’ils entrent dans la salle de réunion », a déclaré le ministre saoudien à CNBC.
Les membres de l’OPEP+ se réunissent maintenant jeudi pour décider s’ils doivent produire davantage de pétrole. Lors de la dernière réunion, il a été décidé de maintenir l’augmentation progressive de la production prévue : 400.000 barils de pétrole par jour en plus, tous les mois.