L’Allemagne se prépare à un arrêt potentiel des livraisons de gaz russe et ouvre la voie au rationnement

Berlin a activé la première phase de sa loi d’urgence sur le gaz pour faire face à des pénuries aigües. L’Allemagne craint que la Russie ne ferme les vannes après le refus de plusieurs capitales européennes de régler le gaz russe en roubles.

Un véritable bras de fer se joue actuellement sur le gaz et le pétrole russe. La semaine dernière, en réponse aux sanctions, Vladimir Poutine a annoncé que les « pays ennemis » devraient désormais régler les ressources fossiles russes en roubles. Un moyen de stopper la dévaluation de la monnaie russe, notamment.

« Une rupture de contrat », contre-attaquaient l’Allemagne et l’Italie. Les contrats signés avec les géants énergétiques russes s’établissent en effet en dollars et en euros. Le ministre allemand des Finances Christian Lindner répétait encore cette semaine que son pays était « opposé à toute forme de chantage » et que « si Poutine n’est pas prêt à accepter [les paiements en dollars ou en euros], il est libre de réfléchir aux conséquences ».

Ce lundi, les pays du G7 ont rejeté à l’unanimité la directive du président Vladimir Poutine exigeant le paiement en roubles. Mais des responsables russes ont répondu mardi que Moscou ne « fournirait pas de gaz gratuitement » à l’Europe.

Rationnement

Ce mercredi, Berlin se prépare au pire, explique le Financial Times. Le ministre de l’Économie Robert Habeck a déclenché « le plan d’urgence énergie ». Une équipe de crise composée de représentants du ministère de l’Économie, du régulateur et du secteur privé surveillera les importations et le stockage de gaz.

Si l’approvisionnement venait à manquer, le gouvernement s’autorise à couper le gaz à certaines parties de l’industrie allemande et accordera un traitement préférentiel aux ménages.

Pour l’heure, les équipes du gouvernement allemand n’ont rien remarqué de suspect. De son côté, Poutine a demandé à la banque centrale de son pays et à Gazprom de trouver un mécanisme permettant le changement de monnaie pour les paiements du gaz. Ils doivent présenter un rapport ce jeudi, la date limite pour les paiements en dollars et en euros étant fixée pour la fin du mois.

Chaque jour, l’Europe paie l’équivalent de 800 millions d’euros pour le gaz et le pétrole russe. Une manne financière bien nécessaire pour Moscou. De l’autre côté, l’Europe se prépare à remplir ses stocks de gaz à 90% d’ici septembre pour faire face à l’hiver prochain. On en est loin: en Allemagne, les installations de stockage de gaz sont remplies pour le moment à 26,5%.

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