« L’oiseau est libre », a tweeté le milliardaire Elon Musk après le rachat réussi de Twitter. « L’oiseau vole dans le cadre du droit européen », a répondu Thierry Breton, eurocommissaire au marché intérieur. L’Union va-t-elle faire échouer les plans de Musk ?
Elon Musk se dirige-t-il vers un conflit avec l’Europe ?
Pourquoi est-ce important ?
Elon Musk a des projets de grande envergure pour la plateforme de médias sociaux Twitter. Il souhaite par exemple rendre le média "aussi libre que possible", notamment en supprimant les interdictions à vie sur la plateforme. La liberté d'expression doit également être interprétée de manière plus large, ce qui vient de susciter de vives inquiétudes chez les critiques.L’essentiel : Gros sous ou pas, même Elon Musk doit obéir aux lois. Il en va de même pour les Européens : Thierry Breton, commissaire européen, lui a envoyé un petit avertissement à l’avance.
- Elon Musk veut faire de Twitter un lieu sans trop de restrictions. Il veut nettoyer la plateforme autant que possible et supprimer les bots. Les « gens ordinaires » qui sont sur Twitter devraient être libres de dire ce qu’ils pensent, selon le milliardaire.
- Cependant, sa pensée se heurte à plusieurs murs : tout d’abord, la liberté d’expression (indépendamment d’une plateforme numérique) comporte aussi quelques exceptions : les appels à la haine et les jurons sont régulièrement considérés comme une restriction de cette liberté.
- C’est précisément ce que craignent les critiques : en supprimant ces restrictions en ligne, Twitter pourrait rapidement devenir un endroit très sale, où il n’y a plus de filtre pour les messages haineux. Il est également à craindre qu’en cas d’annulation des interdictions, de nombreux extrémistes ou conspirationnistes ne reviennent sur la plateforme pour y déverser leur bile. Entre autres, David Icke, un über-conspirationniste américain qui croit, entre autres, que la 5G a causé la propagation du COVID-19, retrouverait alors l’accès à Twitter.
L’avertissement : Sur ce plan, l’Union européenne est une épine dans le pied : elle cherche justement à restreindre davantage la liberté d’expression. Pas dans le sens de la censure, mais plutôt pour faire en sorte que les gens soient de moins en moins confrontés à la haine, en ligne et hors ligne.
- Thierry Breton, qui, en tant que commissaire européen chargé du marché intérieur, est notamment responsable de la réglementation des plateformes en ligne, a envoyé un petit avertissement à Elon Musk : « En Europe, un oiseau vole selon nos règles ».
- Lors d’une conversation entre les deux hommes en mai, M. Musk a confirmé que sa vision de l’orientation de Twitter était conforme à la législation européenne. Il le faut : s’il s’avère que Twitter fait circuler trop de contenus interdits par la loi, l’entreprise risque une amende de 6 % de son chiffre d’affaires annuel.
(JM)
