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La demande mondiale de produits faits en Chine ne redécolle pas : son statut d’usine du monde est-il en danger ?

La demande mondiale de produits faits en Chine ne redécolle pas : son statut d’usine du monde est-il en danger ?
Les travailleurs peu qualifiés chinois voient les portes vers l’emploi se fermer. (Photo credit should read CFOTO/Future Publishing via Getty Images)

Tous les espoirs reposaient sur une Chine prête à se réveiller après presque 3 ans de mesures sanitaires drastiques. Mais les usines ne repartent pas à plein régime, car la demande – occidentale – n’est pas forcément au rendez-vous. Le modèle de « l’usine du monde » serait-il à bout de souffle ?

Pourquoi est-ce important ?

L'avenir du monde industrialisé - reprise de la croissance ou entame d'une période de récession - semblait reposer sur les larges épaules de la Chine. Mais malgré une période d'optimisme à la suite de la levée de la majorité des restrictions sanitaires, l'industrie du pays peine à reprendre son souffle.

Dans l’actualité : alors que la période traditionnelle des vacances du Nouvel An lunaire s’achève en Chine, certaines usines annoncent qu’elles ne reprendront pas la production à plein régime. En cas : une demande en baisse, en particulier depuis les USA.

Un risque de récession bien réel

  • L’afflux de stocks du premier semestre 2022 n’a toujours pas été écoulé pour de grandes firmes américaines qui font reposer leur production sur des usines chinoises. C’est le cas du géant du jouet Basic Fun, qui fait tourner 20 usines dans l’Empire du Milieu.
  • En conséquence, celles-ci reprendront leurs activités à moindre régime à la fin de la période de vacances, qui s’étend jusqu’au 15 février pour permettre aux travailleurs originaires de régions éloignées de revenir après avoir revu leur famille. Mais cette année, il est probable que tous ne retrouveront pas leur poste.

« Toutes les usines auxquelles j’ai parlé m’ont dit qu’elles allaient employer moins de personnes cette année que l’année dernière »

Jay Foreman, PDG de Basic Fun

Le contexte : les ventes au détail aux États-Unis – le plus grand partenaire commercial de la Chine à l’échelle d’un seul pays rappelle CNBC – ont ralenti au cours des derniers mois, alors qu’elles avaient à peine progressé en 2022.

  • La pression est donc forte sur l’économie chinoise, qui s’est érigée en usine du monde – mais dont le monde n’a plus tant besoin de ses produits qu’auparavant. Le secteur des jouets, loisirs et articles de sports représente à lui seul 6% des exportations vers les USA, et c’est un des plus frappés par ces problèmes de stocks à écouler. C’est aussi le cas pour celui de l’électronique.
  • Les données commerciales montrent toutefois que la demande de produits chinois augmente sur d’autres marchés, comme l’Asie du Sud-Est.

« Les commerces de détail, tout ce qui est consommation discrétionnaire, ont été touchés assez durement. Il s’agissait vraiment d’une combinaison de stocks élevés et d’une baisse importante de la demande sur les marchés d’exportation. »

Johan Annell, partenaire chez Asia Perspective, auprès de CNBC

Double pression sur l’emploi

Avec une économie qui tarde à repartir à plein régime, la Chine pourrait bien voir sa croissance lui échapper, et par là même ses espoirs de devenir la première économie mondiale. Et les Chinois pourraient bien voir s’achever les années de prospérité.

  • Le chômage augmente dans le pays, en particulier chez les jeunes. Pourtant, de nombreux secteurs sont en pénurie, et peinent à trouver des travailleurs qualifiés. Les non qualifiés, qui représentent une part importante du réservoir de bras du pays, ont de plus en plus de mal à trouver leur place alors que l’automatisation augmente, et l’offre de formations ne suit pas.
  • Le travail, en fait, se précarise pour de nombreux Chinois : le recours aux intérims et aux postes à temps partiel explose.
  • En outre, l’échelle des salaires pour les emplois en usine a fortement diminué pendant la pandémie.
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