Alors que l’Allemagne venait de déclarer une « première alerte » sur l’état de ses réserves de gaz, voilà que Poutine approche le chancelier allemand Olaf Scholz avec une étrange proposition lors d’un appel téléphonique. Celui-ci a semblé faire machine arrière sur son exigence que le gaz russe soit dorénavant payé en roubles. Mais via une étrange pirouette.
Le chancelier allemand et le président russe se sont entretenus au téléphone ce mercredi, et Vladimir Poutine a remis sur le tapis sa décision très controversée d’imposer le rouble comme monnaie d’échange contre les ressources énergétiques de son pays, une mesure économique d’ailleurs aussi inédite qu’aux effets incertains.
Un intermédiaire pour convertir les euros en roubles
« Poutine a informé Scholz qu’il n’y aurait pas de détérioration des termes des contrats de gaz lors du passage au rouble. Les parties ont convenu que des experts discuteraient de cette question », a déclaré le Kremlin à propos de l’appel lancé par le dirigeant russe.
Même son de cloche du côté allemand : Poutine a affirmé que « rien ne changera pour les partenaires contractuels européens » tout en confirmant son intention de faire passer une loi rendant obligatoire le paiement en roubles à partir du 1er avril. « Les paiements continueraient à être effectués exclusivement en euros et transférés comme d’habitude à la Gazprom Bank, qui n’a pas été touchée par les sanctions. La banque convertirait ensuite l’argent en roubles » a détaillé la diplomatie allemande.
Tour de passe-passe
Une curieux tour de passe-passe qui consiste donc à ne pas revenir sur sa décision, tout en assurant aux Allemands qu’ils pourront toujours payer en euros ; la déclaration de Poutine suscite l’incompréhension. C’est comme s’il refusait l’entrée principale tout en glissant qu’il y a des critères moins stricts pour passer la porte de service. Ou en l’occurrence la banque Gazprom, l’une des deux banques russes exemptées des sanctions comme l’exclusion de SWIFT, qui coupent les banques russes du système financier mondial.
Et le chancelier allemand a préféré ne pas s’engager trop loin dans ce dédale. « Le chancelier Scholz n’a pas accepté cette procédure lors de la conversation, mais a simplement demandé des informations écrites afin de comprendre la procédure plus précisément », a assuré Steffen Hebestreit, porte-parole principal de la chancellerie allemande.
Colère des Ukrainiens
Du côté ukrainien, ce coup de fil passe mal : l’ambassadeur ukrainien en Allemagne a fait remarquer que « la vieille amitié ne rouille jamais. Au lieu de mettre fin aux importations de gaz finançant le massacre de femmes et d’enfants, Berlin se réjouit que le chef du Kremlin ait encore un peu de patience », a tweeté l’ambassadeur Andrij Melnyk.