« Plus fortes, plus rapides et avec un pic plus élevé que prévu » : les nouvelles hausses de taux de la Fed dirigent les USA tout droit vers la récession

Lors d’un discours très attendu tenu devant le Congrès, le président de la Réserve fédérale a annoncé ce que beaucoup craignaient : de nouvelles hausses de taux encore plus fortes que prévu.

Pourquoi est-ce important ?

Voilà maintenant un an que la Fed ne cesse de relever ses taux d'intérêt. L'objectif est de refroidir l'économie américaine, qui subit une forte inflation depuis de nombreux mois. Jusqu'à présent, cette stratégie n'a pas vraiment porté ses fruits : l'inflation sous-jacente persiste. Une seule perspective semble s'offrir aux États-Unis pour y mettre un terme : la récession.

Dans l’actu : Powell annonce la couleur.

  • S’exprimant mardi devant le comité sénatorial des banques, Jerome Powell a indiqué que la Fed n’hésiterait pas à se remettre sur la voie de hausses de taux plus élevées que prévu.
  • Il n’a pas donné de chiffre, mais la tendance est désormais à une hausse d’un demi-point en mars.

Le détail : discours belliciste.

  • Alors qu’elle était revenue à une hausse plus conventionnelle d’un quart de point en février, la Fed pourrait bien réenclencher la vitesse supérieure le 22 mars, avec une hausse d’un demi-point. Powell ne l’a pas dit tel quel, mais c’est ce à quoi s’attendent la plupart des investisseurs suite à son discours de mardi.
  • « Les dernières données économiques sont plus fortes que prévu, ce qui suggère que le niveau ultime des taux d’intérêt sera probablement plus élevé que prévu », a également déclaré le président de la banque centrale américaine. Avant d’ajouter : « Si la totalité des données devait indiquer qu’un resserrement plus rapide est justifié, nous serions prêts à accélérer le rythme des hausses de taux. »
  • Une hausse plus élevée en mars, suivie de hausses plus rapides, pour atteindre un taux final à son tour plus élevée que prévu, en résumé.

Une récession sans perte d’emplois ?

Les réactions : prévisibles.

  • Ce discours musclé était plutôt attendu. Il n’a donc pas provoqué le chaos à Wall Street, mais les principaux indices ont tout de même clôturé dans le rouge : -1,5% pour le S&P 500, -1,25% pour le Nasdaq.
    • Dans le même temps, le rendement du Trésor à deux ans a atteint 5%. Soit son plus haut niveau depuis 2007.
  • Au Congrès, les démocrates ont réagi avec véhémence aux propos de Powell. Ils craignent que ce resserrement qui n’en finit plus ne débouche sur une récession qui, selon eux, risque de saper bon nombre des gains sur le marché du travail réalisés lors de la reprise après la pandémie, note le Financial Times.
  • Elizabeth Warren a ainsi accusé Powell de « jouer avec la vie des gens », un tel resserrement risquant de provoquer de nombreuses pertes d’emplois.
  • Le président de la Fed a répondu que le « coût social de l’échec sur l’inflation » était « très, très élevé ».
    • La Fed ne « cherche pas, et nous ne pensons pas que nous devons avoir », un ralentissement « très important » du marché du travail, car il y a beaucoup d’offres d’emploi. Il est donc possible que le marché du travail pourrait refroidir un peu sans perte d’emplois pures et simples, a-t-il assuré, dans des propos rapportés par le New York Times.
    • Certains analystes pensent en effet que la récession à venir, qui pourrait débuter au troisième trimestre et durer six mois, devrait être légère : de 0,5 à 1% par trimestre.

Et maintenant : un autre discours et deux rapports, avant une première décision.

  • Powell se représentera devant le Congrès ce mercredi pour un nouveau discours, où il pourrait préciser davantage les intentions de la Fed.
  • Ensuite, tous les yeux seront rivés sur le rapport sur l’emploi, qui sera publié vendredi, puis sur celui sur l’indice des prix à la consommation pour février, qui suivra la semaine prochaine.
  • La prochaine hausse des taux de la banque centrale américaine est prévue pour le 22 mars. Pour l’instant, ceux-ci se situent entre 4,5 et 4,75%.
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