Des pétroliers russes disparaissent mystérieusement en haute mer: que se passe-t-il?

Depuis le début de la guerre, des pétroliers russes disparaissent des systèmes de cartes maritimes. Ils éteignent leurs systèmes de localisation pour brouiller leurs pistes, et écouler leur cargaison malgré les sanctions et boycotts internationaux.

Avec l’embargo américain, et le boycott de nombreux acheteurs, le pétrole russe a du mal à trouver preneur sur le marché, du moins en Occident. Mais les pétroliers russes ont peut-être trouvé l’astuce pour quand même vendre leur cargaison aux acheteurs : ils voyagent en mode invisible.

La pratique est simple : ils débranchent leur transpondeur, et disparaissent des systèmes de suivi internationaux. Cette activité de l’ombre est considérée comme une manière de contourner les sanctions.

Depuis le début de la guerre, cette activité « dark », comme elle est appelée dans le domaine, est en augmentation de 600% parmi les pétroliers russes, selon les données de la société de recherches Windward, qui traque les navires à l’aide de l’intelligence artificielle, citée par CNN. La semaine du 12 mars par exemple, il y a eu 33 cas d’activité « dark », soit une augmentation de 236% par rapport à la moyenne hebdomadaire des 12 derniers mois.

Trouvent-ils des acheteurs ?

Personne n’est dupe. Mais ça n’empêche pas certains de faire des affaires. Le pétrole russe est conspué partout en Occident, même en n’étant pas officiellement sous embargo en Europe. Mais se servir du pétrole russe est perçu comme stigmatisant sur le marché.

Selon les estimations de la société de recherches Rystad Energy, l’équivalent de 1,2 à 1,5 million de barils par jour a disparu des radars, depuis le début de la guerre. Sur les 4 à 5 millions de barils par jour que la Russie exporte, c’est beaucoup.

Concrètement, qui achète le pétrole russe? Selon Rystad, cité par CNN, les destinations de ce pétrole, dans l’ensemble, deviennent de plus en plus obscures. Mais les doigts pointent vers l’Asie, notamment l’Inde et la Chine. Ces deux pays gardent leurs distances par rapport à la guerre en Ukraine, mais continuent leurs relations économiques avec la Russie. Les deux immenses pays sont en plein jeu d’équilibriste: il ne faut surtout pas montrer qu’ils aident Moscou à contourner les sanctions occidentales. La Chine et l’Inde ont plus à perdre de froisser l’Occident, mais les deux pays sont évidemment friands d’énergies fossiles à bas coût, qui offrent une solution de replis pour la Russie.

Une autre théorie, avancée par Michael Tran, spécialiste en énergie pour RBC Capital Markets, est que « les commerçants pourraient acheter du pétrole russe et stocker les barils, y compris par « stockage flottant » sur des pétroliers qui restent en mer ». Ils gardent ainsi des réserves sous la main, en cas de besoin.

Au final, il n’est donc pas sûr à 100% où part ce pétrole. Mais la pratique (déjà observée avec des navires iraniens ou vénézuéliens) inquiète les autorités. Les États-Unis par exemple indiquent travailler sur d’autres méthodes de suivi des navires, qui ne dépendraient pas du système principal de transpondeur.

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