Des moutons ont été dotés d’yeux bioniques: place maintenant aux essais sur l’humain, pour aider les malvoyants à retrouver la vue

Implantera-t-on bientôt des yeux bioniques aux personnes malvoyantes pour leur permettre de retrouver la vue ? C’est en tout cas l’objectif d’une équipe de chercheurs australiens. Ils viennent de terminer des essais sur des moutons: c’est un succès.

L’objectif du premier du test sur les moutons était de s’assurer que le dispositif ne provoquait pas d’effets indésirables. Et ce fut bien le cas. D’après les chercheurs, issus de l’université de Sydney et de l’université de Nouvelle-Galles du Sud, il n’y a pas eu de réactions inattendues des tissus autour du dispositif et celui-ci pourrait rester en place en toute sécurité pendant de nombreuses années.

Par conséquent, les scientifiques estiment qu’ils sont prêts à tester le dispositif sur des humains. Ils viennent officiellement de déposer une demande d’autorisation pour pouvoir s’y coller.

« Notre équipe est ravie de ce résultat extraordinaire, qui nous conforte dans l’idée de poursuivre les essais du dispositif sur l’homme. Nous espérons que grâce à cette technologie, les personnes vivant avec une perte de vision profonde due à des troubles rétiniens dégénératifs pourront retrouver un sens de la vision utile », a déclaré Samuel Eggenberger, un ingénieur biomédical qui termine son doctorat à l’université de Sydney, qui participe à la recherche.

De quoi s’agit-il exactement ?

Nommé Phoenix 99, ce dispositif consiste à implanter chirurgicalement des yeux bioniques derrière la rétine. Ceux-ci sont connectés – sans fil, via un module de communication implanté derrière les oreilles – à une paire de lunettes de soleil dotées d’une petite caméra, lesquelles leur envoient des stimulations électriques. Ces dernières sont traitées par le nerf optique, et enfin envoyées au cerveau, qui les interprètent pour donner une vision de la scène.

Le système vise ainsi à redonner une forme de vision aux patients souffrant de déficience visuelle grave et de cécité causée par des maladies dégénératives, telles que la rétinite pigmentaire.

« Cette avancée est le fruit de la combinaison de décennies d’expérience et de percées technologiques dans le domaine de l’électronique implantable », a souligné le professeur Gregg Suaning, qui est à la tête de l’école d’ingénierie biomédicale de l’université de Sydney.

Ça s’active tous azimuts

La BBC a interrogé plusieurs experts du sujet. Selon eux, des dispositifs tels que Phoenix 99 pourraient devenir courants dans les années à venir. D’après un rapport d’une étude de marché de 2021, l’industrie pourrait valoir plus de 400 millions de dollars d’ici 2028.

Outre le système que l’on vient de vous présenter, l’entreprise française Pixium Vision et la société américaine Second Sight, pour ne citer qu’elles, travaillent également sur des dispositifs d’yeux bioniques permettant aux personnes malvoyantes de retrouver la vue.

Actuellement, les systèmes affichent une efficacité plutôt limitées et restent très chers, certains dispositifs coûtant 100.000 dollars l’unité. Mais ils vont voués à un bel avenir, estime la Dr Karen Squier, professeur associé et chef des services de déficience visuelle au Southern College of Optometry de Memphis.

En attendant que ces dispositifs de très haute technologie s’améliorent et se démocratisent, elle rappelle que d’autres progrès, moins spectaculaires mais bienvenus, nous sont déjà arrivés ces dernières années. Elle cite notamment les récentes améliorations apportées aux fonctions d’accessibilité de l’iPhone d’Apple, ainsi que l’application Seeing AI de Microsoft. Celle-ci utilise la caméra du smartphone pour identifier des personnes et des objets et les décrire de manière audible. Elle peut également vérifier les codes-barres et vous dire ce dont il s’agit, ou lire à voix haute une écriture manuscrite.

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