Déjà soupçonnée en octobre dernier d’avoir caché des dysfonctionnements sur certains de ses véhicules, Tesla est à nouveau dans la tourmente. Des e-mails datant de 2012 auraient refait surface. Ils prouveraient que la firme était au courant d’un défaut de conception de la batterie de la Model S, qui pourrait prendre feu. Les véhicules auraient malgré tout été envoyés dans les salons d’exposition. Bien que la direction ait été informée du problème à l’époque, on ignore à quel moment exactement celui-ci a été rectifié.
Des échanges de mails internes, qui jusqu’ici étaient restés confidentiels, portent à croire que la Model S de Tesla serait porteuse d’un défaut dont la direction était au courant depuis des années, selon Business Insider. En cause, du liquide qui s’échapperait d’un cordon de refroidissement.
Cette pièce du moteur aurait été testée à deux reprises, par deux laboratoires indépendants, le premier étant le laboratoire de tests IMR. Les résultats auraient été partagés avec Tesla, mais selon le rapport de l’IMR, les tubes de refroidissement ne seraient pas conformes aux normes industrielles. Pas moins de 250 autres véhicules du même type auraient encore été produits après réception du courrier, si l’on se base sur le rapport de Tesla qui a été revu par Business Insider.
Jason Schug, vice-président de Ricardo Strategic Consulting, dit avoir procédé au démontage des véhicules Tesla Model S et X. Il a déclaré à Business Insider que si du liquide de refroidissement se retrouvait sur la batterie, cela pourrait la rendre inutilisable. ‘Lorsque nous avons démonté la Tesla Model X, un technicien a accidentellement renversé du liquide de refroidissement dans le module de batterie’, a déclaré M. Schug à Business Insider. ‘Il n’y avait pas de danger immédiat, mais lorsque nous avons retiré les modules de batterie un peu plus tard (…), nous avons constaté que celle-ci était partiellement rouillée’, ce qui pourrait provoquer une panne de la batterie par électrolyse.
Des propos corroborés par d’autres experts, qui affirment qu’une telle fuite pourrait même provoquer un court-circuit dans le véhicule, ou laisser un résidu inflammable sur la batterie. Un problème lié au système de refroidissement qui, selon eux, aurait été mal conçu. Situé autour de la batterie, le cordon de refroidissement, (un tube d’aluminium rempli de liquide), n’aurait pas été correctement scellé, créant de petites fuites qui libèrent du liquide.
Le moteur a fait l’objet d’une deuxième phase de tests en août, chez Exponent, un laboratoire d’ingénieurie. Tesla avait fait part de son inquiétude à Scott Lieberman, qui a confirmé les propos du laboratoire de tests IMR. Bien que l’ingénieur ait refusé de répondre aux questions de Business Insider, il avait néanmoins fait part de ce défaut de façon explicite à Tesla, dans des courriers.
Ces défauts de fabrication auraient encore été constatés plus tard en 2012. Des courriers datant du mois de septembre de la même année auraient révélé que des ouvriers de la chaîne de production avaient constaté le problème, qui ne fut rapporté à la direction que quelques mois plus tard. D’autres courriers prouvent en effet qu’en novembre 2012, des fuites au niveau du système de refroidissement auraient encore été constatées.
Un ancien employé de Tesla affirme que les objectifs de production à l’époque étaient peut-être ‘trop ambitieux’ . Bien qu’il ait quitté l’entreprise en 2014, il déclare qu’à l’époque , ‘nous avions déjà remarqué des fuites. Je ne sais plus exactement combien de fois l’erreur s’est présentée, mais c’est inévitable lorsqu’une entreprise décide de se lancer avec un budget limité en recherche et développement, en se disant qu’elle va produire, dans l’espoir de faire des inspections à l’usine pour détecter les fuites par la suite, (qu’elle pourra résoudre)’.