La démission devient un acte de protestation sur TikTok avec #QuitTok, nouvelle tendance des millennials

Les jeunes employés filment en direct leur démission et la publient sur le réseau social, la preuve que les nouvelles générations recherchent un changement profond dans le monde professionnel pour une meilleure protection de leur santé mentale.

L’essentiel : Le hashtag #QuitTok pullule sur TikTok avec des vidéos de démission qui engrangent un total de plus de 38 millions de vues.

  • C’est par exemple le cas de Christina Zumbo, une Australienne qui a partagé la vidéo de sa démission et a reçu plus de 50.000 likes.
    • On peut ainsi la voir envoyer son mail de démission avec beaucoup d’appréhension, recevoir un appel de son travail, puis fondre en larmes de soulagement, fière de sa décision.
    • Son message : « Il n’y a pas de mal à quitter les choses qui ne vous rendent pas heureux. En fait, vous vous porterez probablement mieux que si vous restiez dans la bulle confortable dans laquelle vous grandissez. »
  • D’autres utilisent le hashtag similaire « Quitmyjob », qui comptabilise plus de 357 millions de vues, « Quittingmyjob », avec 260 millions de vues, et bien d’autres dans le même genre.
  • Leur point commun : des utilisateurs partagent leurs expériences libératrices après avoir quitté un emploi toxique et fournissent des conseils à leurs abonnés, les encourageant à faire de même.
    • Par exemple, un utilisateur indique à ses abonnés si leur chef ne leur a jamais posé certaines questions « bienveillantes », cela signifie qu’ils ne sont qu’en employé parmi tant d’autres.
    • Marisa Jo Mayes, une des pionnières de #QuitTok, utilisait le réseau social comme un « exutoire amusant et créatif », indique-t-elle à la BBC, partageant du contenu pour « lutter contre son mal-être au travail »
    • Jusqu’à ce qu’elle décide de quitter son emploi et filme sa réaction soulagée, avec plus de 210.000 likes au compteur.

La santé mentale avant tout

Les causes : Les millennials font de leur démission un véritable acte de protestation contre le monde du travail actuel, qui met à mal leur santé mentale.

  • « J’étais dans l’épuisement professionnel le plus profond de ma vie, je ne pouvais penser à rien d’autre qu’au travail et je luttais contre des problèmes de santé dus au stress », explique Marisa Jo Mayes.
  • Si les raisons pour lesquelles les millennials démissionnent peuvent être multiples et variées, le désir de protéger leur santé mentale, couplé à un équilibre entre vie professionnelle et vie privée, revient constamment.
  • Dans ce contexte, les réseaux sociaux – y compris TikTok – peuvent jouer un rôle en créant une culture de l’expression individuelle et de la prise de parole publique sur des sujets personnels et professionnels.
    • Pour les employés malheureux dans leur travail, rien de plus jouissif que de voir d’autres personnes quitter des « lieux de travail toxiques » et s’opposer à des patrons injustes, les inspirant à prendre aussi la porte.
    • Une tendance qui s’oppose au « quiet quitting » également popularisé sur TikTok, avec plus de 560 millions de vues.
      • Au lieu de prendre la décision de démissionner, il s’agit de faire le strict minimum au travail, s’exposant ainsi à un licenciement.
      • Une conséquence que les « quiet quitters » ne rejettent pas, puisqu’ils ne sont pas satisfaits de leur job ou de leurs relations professionnelles.

Le détail : Un sondage réalisé en 2019 par l’American Psychiatric Association a révélé que 62% des personnes âgées de 20 à 37 ans se sentent à l’aise pour parler de leur santé mentale au travail, contre environ la moitié des personnes âgées de 54 à 72 ans.

  • Et s’ils ne se sentent pas soutenus dans leur travail, ils sont nombreux à prendre la porte. La moitié des millennials et 75% des personnes issues de la génération Z ont déclaré avoir quitté volontairement ou involontairement un emploi en partie pour des raisons de santé mentale, selon une enquête réalisée en 2019 auprès de 1500 travailleurs américains par Mind Share Partners.

Pourquoi ? Les millennials et la génération Z accordent davantage d’importance à la santé mentale sur leur lieu de travail que leurs aînés.

  • Ils ont d’abord grandi avec une prise de conscience accrue des problèmes de santé mentale et de l’importance de prendre soin de soi, des valeurs encore taboues il n’y a pas si longtemps.
  • L’individu prime sur le collectif : telle est la loi qui prévaut désormais – dans les sociétés occidentales en tout cas.
    • Dans d’autres pays, comme le Japon, où le respect du collectif et de la hiérarchie est très fort, la démission reste un phénomène encore très rare et largement mal vu, souvent considérée comme un signe de déloyauté ou de faiblesse.
  • Avec la crise financière de 2008 et la pandémie de coronavirus, les millennials ont connu une période économiquement difficile avec une grande précarité et un marché du travail instable. Ce contexte a rendu le travail encore plus stressant et difficile à gérer, avec nombreux burn-out à la clé.
  • À cause de la masse de chercheurs d’emploi presque inépuisables et disponibles un peu partout dans le monde via des plateformes comme LinkedIn, les millennials sont aussi souvent confrontés à des environnements de travail exigeants, compétitifs et sous pression, ce qui peut encore davantage affecter leur santé mentale à long terme.
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