Un déficit « significatif, durable et prolongé » sur le marché du platine : quel prix pourrait connaître le métal précieux en 2023 ?

Après une envolée sur la deuxième moitié de l’année 2022, le platine a perdu un peu de son énergie ce trimestre. Mais dans les mois à venir, la donne pourrait changer : le prix pourrait gonfler de plus de 20% d’ici à la fin de l’année. En cause : une offre moins importante que la demande.

Pourquoi est-ce important ?

Les soucis du côté de l'offre semblent partis pour durer. Or, quand la demande dépasse l'offre, les prix ont tendance à s'envoler.

Les faits : Quel prix en 2023 ?

  • Le prix du platine devrait augmenter de plus de 20% sur l’année 2023. À environ 980 dollars l’once (28 grammes) ce vendredi, il devrait passer à 1.150 à la moitié de l’année, puis 1.200 à la fin de l’année. C’est ce qu’écrit la banque UBS dans un rapport, consulté par CNBC.
  • C’est une forte hausse, mais la récente dynamique du métal était encore plus forte. Le dernier trimestre en date était son meilleur trimestre depuis 2008, avec une hausse de 26% à 1.084 dollars (une hausse de 32% même, si on compte depuis un creux atteint en août). Il a même continué son rallye début janvier, atteignant 1.112 dollars, avant de chuter jusqu’à 910 dollars à la fin février. Depuis, il remonte.
  • « L’augmentation des taux d’intérêt américains, qui suscite des inquiétudes quant à la croissance, et l’appréciation du dollar américain ont pesé sur le platine », ajoute UBS dans le rapport, concernant cette chute entre janvier et févier.

Offre et demande : vers un déficit

L’essentiel : premier déficit en trois ans.

  • Après une offre excédentaire en 2021 et 2022, l’offre devrait être inférieure à la demande cette année. De 556.000 onces, selon World Platinum Investment Council (WPIC), relayé par CNBC. « Un déficit significatif, durable et prolongé ».
  • Plusieurs raisons laissent prédire ce déficit. D’abord, il y a l’Afrique du Sud, qui fournit 70% du platine brut mondial. Or, sa production est à la baisse à cause d’une crise énergétique, et ne devrait pas reprendre de sitôt.
    • Pareil pour la Russie : sa production est en baisse à cause de la guerre en Ukraine. Le transport notamment serait impacté. On sait aussi que dans certains domaines, les clients refusent d’acheter des produits russes (c’est particulièrement le cas pour les diamants).
    • Autre source importante : le platine recyclé. Là aussi, la production est en chute, entre autres parce que les personnes gardent leurs voitures plus longtemps.
    • Pour ces trois éléments, il n’y aurait pas d’amélioration rapide en vue.
  • De l’autre côté, la demande devrait augmenter, continue le WPIC. Le platine est de plus en plus utilisé dans les voitures (entre autres pour remplacer le palladium, encore plus cher). Surtout dans les voitures hybrides, qui voient leurs ventes augmenter. Demande prévue en 2023 : 3,25 millions d’onces, soit une hausse de 10%.
    • Dans l’industrie, il devrait aussi y avoir une demande importante (en hausse de 12%), surtout dans le secteur du verre et médical (le platine sert par exemple à fabriquer des prothèses).
    • Du côté des bijoux, la demande ne devrait augmenter que de 2%, mais le WPIC note qu’il y aura beaucoup d’incertitudes pour ce secteur.

Conclusion : Qui dit déficit entre l’offre et la demande, dit hausse des prix (dans la plupart des cas). Ce qui serait une bonne nouvelle pour les investisseurs, mais une mauvaise nouvelle pour les consommateurs. Mais dans l’ensemble, le prix du platine, à lui tout seul, n’a pas vraiment d’impact sur l’inflation.

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