De combien de temps Theresa May dispose-t-elle encore ?

Peu de temps après des élections désastreuses pour son parti l’année dernière, certains de ses collègues politiciens ont décrit Theresa May comme une “dead woman walking” (“une femme morte en train de marcher”). “Une femme morte immobile” serait désormais une meilleure description,  selon d’autres. En effet, depuis ces élections, elle n’a guère obtenu quoi que ce soit qui mérite qu’on le mentionne, sauf de façon négative.

La position de May s’affaiblit de jour en jour, y compris au sein du parti Tory (conservateur). Beaucoup de conservateurs veulent que May – qui a fait campagne contre le Brexit, mais doit maintenant le mettre en oeuvre – soit remplacée le plus rapidement possible par un “Brexiteer” de la ligne dure, avec un ordre du jour qui promeut une séparation claire d’avec l’UE. 

Pourtant, un tel scénario présenterait un risque majeur. Étant donné que les conservateurs disposent d’une majorité très mince au Parlement britannique, il suffirait de quelques non-votes de l’aile du “soft-Brexit” (favorable à un brexit plus souple) au sein du parti pour ouvrir involontairement la voie à une nomination au poste de Premier ministre du dirigeant du Labour Jeremy Corbyn.

Les “hard Brexiteers” pourraient prendre ce risque, avec la conviction que leurs collègues de parti préféreront choisir cette option, plutôt que de permettre aux socialistes de reprendre le pouvoir.

Brexit ? Il n’y a aucune stratégie

Cela devrait se clarifier d’ici la fin de cette semaine, après l’examen de situation que le gouvernement doit effectuer concernant le Brexit. Mais il est certain que la Grande-Bretagne veut se débarrasser de ce Premier ministre. Il ne manque pas seulement des idées à “Theresa Maybe” (“Theresa peut-être”) ; son silence concernant le Brexit devient aussi embarrassant. Au début, il passait pour une tactique de négociation, mais maintenant, tout le monde réalise qu’il n’y a tout simplement pas de stratégie.

Boris Johnson Premier ?

Aujourd’hui, le Royaume-Uni est sur le point de quitter l’UE l’année prochaine. La seule chose que le gouvernement britannique a sécurisé pour le moment est la prolongation de la période de transition. Pour le reste, la question de l’Irlande du Nord reste en suspens et May espère que le Royaume-Uni pourra quitter l’union douanière sans que les entreprises britanniques en pâtissent. Mais la réalité du Brexit et de ses conséquences commencent lentement mais sûrement à se faire sentir. Parce qu’au Royaume-Uni, personne n’a voté pour le Brexit pour s’appauvrir. De l’autre côté, l’UE se trouve dans une position bien plus confortable. Avec une économie qui est six fois plus grande que celle du Royaume-Uni, la balle est clairement dans son camp. 

Toutefois, le remplacement de May de l’autre côté de la Manche sera difficile. Parce que la Grande-Bretagne pourrait éventuellement se retrouver en grande difficulté. 

Tout d’abord, les problématiques du Brexit sont si complexes et contradictoires qu’aucun homme politique ne peut en parler de façon claire.

En second lieu, les successeurs potentiels de May ne sont pas rares. Les membres du parti – dont les 3/4 ont voté pour le Brexit – auraient le choix entre l’imprévisible Boris Johnson (en faveur du brexit) et l’actuel ministre des Affaires Etrangères chaotique Jacob Rees-Mogg (en faveur du maintien dans l’UE). Les chances que le poste revienne à Johnson (notre photo ci-dessus), sont donc considérables. Mais une position plus dure sur le Brexit ne ferait qu’augmenter l’incertitude dans le pays et la position de la City de Londres tout en accroissant le risque d’une scission du parti conservateur.

Il semble pourtant nécessaire de remplacer May. Mais uniquement par quelqu’un qui ne s’en tirerait pas plus mal qu’elle.

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