La Suède mène une croisade contre les discriminations liéesau sexe, et le combat commence dès la maternelle, rapporte le New York Times.Dans un grand nombre de maternelles publiques, les directeurs d’écoles et les enseignants sont invités à éradiquer tout ce quiest susceptible d’inculquer une différenciation sur la base du sexe.
Selon le programme d’enseignement officiel suédois, lesrôles stéréotypés liés au genre constituent des « limitations » dont ilfaut libérer les enfants. Le genre ne serait rien d’autre qu’une constructionsociale nuisible. Il faut donc tenter de la tuer dans l’œuf. Dans ce contexte, lesenseignants et directeurs d’école ont un rôle primordial à jouer : celui d’ingénieurssociaux chargés de la neutraliser.
Une étude conclut à une influence favorable
Uneétude, menée par le laboratoire des Bébés et Enfants de l’Université d’Uppsala,en collaboration avec des chercheurs des États-Unis et du Royaume-Uni, semble leurdonner raison. Les chercheurs ont comparé les enfants qui fréquentent les maternellestraditionnelles de Stockholm avec ceux qui fréquentent ce nouveau type d’école.Ils ont conclu que ces derniers étaient plus susceptibles de développer desamitiés avec leurs camarades de l’autre sexe.
Désinhiber un potentiel de développement
Il ne s’agit pas de séparer les filles des garçons, mais d’annihilerles différences. Les petits garçons sont donc invités à jouer à la dînette,tandis que les petites filles doivent hurler « non » le plus fort possible. Lespronoms qui rappellent les différenciations sexuelles sont bannis et on leurpréfère l’emploi des prénoms, ou l’emploi d’un pronom neutre de la languesuédoise. De même, certains comportements, qui trahissent traditionnellementles particularités associées à chaque sexe, comme complimenter les filles pourle choix de leurs vêtements, sont interdits.
Les tenants de ces pratiques affirment qu’elles permettrontaux enfants de désinhiber une partie de leur potentiel et de leur donner plus d’opportunitésde se développer. En effet, ils se tourneront naturellement vers les jouets quiles attirent, sans préjugés, et auront donc accès à la valeur éducative deceux-ci.
Une philosophie qui ne fait pas l’unanimité
Le New York Times cite ainsi le cas d’Otto, un petit garçon de 3 ans, qui préfère porter des robes. Jusqu’à maintenant, personne autour de lui, y compris ses grands-parents, ne lui a dit que « les garçons ne devaient pas porter de robes », explique sa mère. Elle ajoute qu’elle souhaite qu’il le fasse aussi longtemps qu’il le voudra.
Mais tout le monde ne partage pas cet enthousiasme. Certains parents ont témoigné leur inquiétude, mais les professeurs sont inébranlables. Selon la journaliste Tanja Bergkvist, beaucoup de Suédois sont contre cet enseignement, mais très peu osent contester, de peur d’être considérés comme étant réfractaires à l’égalité.
Le parti d’extrême droite suédois, leparti des Démocrates de Suède qui a remporté près de 30 % lors desdernières élections de 2014, s’est engagé à supprimer cet enseignement s’ilparvenait au pouvoir.