Vers une seconde crise de Cuba ? La Havane a conclu un accord secret avec Pékin pour espionner les USA

La Chine semble vouloir avoir des yeux et des oreilles partout. L’affaire des étranges ballons espions au-dessus des USA s’estompe à peine que Pékin veut réaffirmer une des vieilles alliances du monde communiste de la guerre froide.

Dans l’actualité : selon les révélations du Wall Street Journal, la Chine prévoit d’installer une base d’écoute sur Cuba destinée à espionner les USA tout proches, et ce contre espèces sonnantes et trébuchantes.

Les yeux et les oreilles de Pékin dans les Caraïbes

  • Pour l’instant ça n’est qu’un accord de principe, selon les sources bien informées au sein de la Défense américaine qui se sont confiées au média new-yorkais. Il n’empêche qu’il faut un certain culot : Pékin s’est engagée à fournir à La Havane l’équivalent de plusieurs milliards de dollars en échange d’une station d’écoute.
  • Le détroit de Floride qui sépare l’île de Cuba de la péninsule du sud des USA ne fait que 160 km : de quoi permettre à une oreille bien placée d’intercepter toutes les communications radio et d’observer à loisir le trafic maritime.
  • Ces informations ont été jugées convaincantes par la Défense américaine, qui estime que le site apparemment choisi est idéalement situé pour des activités de renseignement d’origine électromagnétique, notamment l’interception des mails, des appels téléphoniques et des transmissions par satellite.

« Bien que je ne puisse pas parler de ce rapport spécifique, nous sommes bien conscients – et nous en avons parlé à de nombreuses reprises – des efforts de la République populaire de Chine pour investir dans des infrastructures dans le monde entier qui pourraient avoir des objectifs militaires, y compris dans cet hémisphère. Nous suivons cela de près, nous prenons des mesures pour les contrer et nous restons confiants dans notre capacité à respecter tous nos engagements en matière de sécurité sur notre territoire, dans la région et dans le monde entier. »

John Kirby, porte-parole du Conseil national de sécurité des USA

On n’est plus en 1962

Ni la Chine ni Cuba n’ont commenté ces révélations, selon le quotidien américain. Reste à Washington de décider maintenant d’une marche à suivre.

  • La question n’est pas aisée : les USA ne vont certainement pas intervenir militairement. Même si la situation rappelle un peu la crise des missiles de Cuba de 1962, l’enjeu n’est pas le même : il s’agit « seulement » d’espionnage. En outre, même à l’époque, l’administration Kennedy avait fini par reculer face au risque d’embrasement nucléaire.
  • Restent les sanctions économiques, mais l’île subit déjà un blocus américain depuis près de 60 ans. Difficile de la pressuriser encore plus alors qu’elle en est à accepter des installations chinoises pour quelques milliards – le montant exact n’a pas été communiqué.
  • On peut aussi noter que cette info fuite exactement au moment où les USA annonçaient le legs de drones d’observation dernier cri à Taïwan, en vue de créer un réseau d’information stratégique capable de suivre les mouvements chinois des Philippines au Japon.
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