206 personnes sont toujours bloquées dans un bateau de croisière échoué dans l’Arctique, avec une épidémie de Covid en prime

Cela fait maintenant trois jours que l’Ocean Explorer est bloqué au beau milieu du Groenland. A priori, les 206 personnes à bord ne sont pas en danger. Toujours est-il qu’elles attendent de l’aide et qu’une épidémie de Covid s’est déclarée dans le bateau.

Pourquoi est-ce important ?

L'incident - pour l'instant sans conséquence grave - met en lumière les risques des voyages - de plus en plus nombreux - dans l'Arctique.

Dans l’actu : un bateau de croisière échoué dans l’Arctique.

  • L’Ocean Explorer s’est échoué lundi dans l’Alpefjord, au nord-est du Groenland, à des centaines de kilomètres des premiers villages.
  • Plusieurs tentatives de le décoincer ont déjà été menées, sans succès. On espère un sauvetage pour le week-end.

Un sauvetage ce week-end ?

Les détails : « tout le monde va bien », mais…

  • L’alerte a été lancée lundi. Le bateau de croisière s’est échoué dans une région fameusement isolée. Le village le plus proche est à 240 kilomètres. La première ville et capitale du Groenland, Nuuk, à 1400 kilomètres.
  • Pour l’instant, personne ne panique. 206 personnes sont à bord, dont plus de la moitié sont des touristes australiens, néo-zélandais, britanniques, américains et sud-coréens. Selon le Commandement conjoint de l’Arctique (JAC) danois et Aurora Expeditions, la compagnie de croisière qui organise le voyage, il n’y a aucun blessé. Et, tout aussi important, le navire n’est pas endommagé.
    • « Ils sont en sécurité à bord. Il n’y a aucun danger immédiat pour eux, le navire ou l’environnement« , assurait encore Aurora Expeditions mercredi.
    • Le lendemain, l’agence indiquait toutefois que trois passagers avaient le Covid. Ils ont été mis à l’isolement et les autres personnes à bord – la plupart d’un certain âge – seraient en bonne santé.
    • « Il y a un médecin à bord », a précisé un passager joint par le Sydney Herald, ajoutant que la plupart des touristes sont des personnes âgées. « Tout le monde est de bonne humeur. C’est un peu frustrant, mais nous sommes dans une belle partie du monde ».
  • Actuellement, les circonstances de l’incident restent floues. On sait juste qu’il y a peu de relevés hydrographiques de la zone de l’échouage : l’évaluation des profondeurs marines y est donc complexe. Le journal groenlandais Sermitsiaq a toutefois annoncé que la police du Groenland avait déjà ouvert une enquête sur les raisons pour lesquelles le navire s’est échoué. Et pour savoir si des lois avaient été violées. Jusqu’à présent, personne n’a été inculpé ni arrêté. 
  • Pour l’instant, se concentre avant tout sur la mission de sauvetage.

8.000 tonnes à décoincer

La question : quand les passagers seront-ils secourus ?

  • Depuis lundi, l’Ocean Explorer a tenté à plusieurs reprises de profiter de la marée haute pour se dépêtrer tout seul. Sans succès, jusqu’à présent.
  • Mercredi, un premier navire est arrivé à ses côtés pour tenter d’aider le bateau de croisière. Dépêché par les autorités groenlandaises, ce chalutier n’est pas prévu pour ce type de mission. Et effectivement, il a failli. Il faut dire que débloquer l’Ocean Explorer n’est pas chose aisée, le bateau mesurant plus de 104 mètres de long pour 18 mètres de large et pesant un peu plus de 8.000 tonnes.
  • Le Knud Rasmussen, un patrouilleur de la marine danoise, a priori taillé pour la mission est en route. Mais il était à plus de 2000 kilomètres de l’Ocean Explorer lors de l’incident. Si les conditions sont bonnes, il devrait arriver sur place vendredi soir, soit un peu plus de cinq jours après l’échouage.
    • « Nous avons également obtenu le soutien d’autres navires à proximité si leur assistance s’avérait nécessaire », a indiqué le commandant Brian Jensen, du JAC.
    • Un autre bateau de croisière a été prié de rester dans la zone pour offrir de l’aide si nécessaire. Les garde-côtes islandais se tiennent également prêts à porter assistance.

Plus qu’à croiser les doigts

Le contexte : cela rappelle un autre incident.

  • Cet incident n’est pas sans rappeler les problèmes rencontrés en en 2019 par un autre navire de croisière, le Viking Sky, qui avait subi une avarie de moteur au large de la côte ouest norvégienne.
  • Six hélicoptères de sauvetage avaient été mobilisés pour effectuer 30 voyages jusqu’au navire et ainsi hélitreuiller les plus de 1.300 passagers.
  • A l’époque, plusieurs experts avaient signalé qu’il s’agissait d’un avertissement sévère pour les croisières dans l’Arctique, rappelle le Financial Times.
    • « Cela s’est produit dans une zone densément peuplée avec de nombreuses capacités de sauvetage relativement proches du navire. Si une catastrophe similaire s’était produite dans la plupart des autres endroits de l’Arctique, le résultat aurait probablement été catastrophique », avait ainsi prévenu Peter Holst-Andersen, chef du groupe de travail sur la prévention, la préparation et l’intervention d’urgence du Conseil de l’Arctiqu.
    • « Personne n’aurait eu suffisamment de ressources pour réagir aussi efficacement et aussi rapidement dans le Grand Nord », avait-il ajouté.
  • Reste à espérer que le Knud Rasmussen parviendra à débloquer l’Ocean Explorer en cette fin de semaine. Et que la sombre prédiction de Holst-Andersen ne se concrétise pas.

L’Ocean Explorer a été « spécialement construit pour les voyages d’expédition vers les destinations les plus reculées du monde », renseigne Aurora Expeditions sur son site. Sa croisière « Joyaux de l’Arctique », de deux semaines, coûte entre 22.000 et 42 000 dollars australiens (de 13.200 à 14.400 euros) par personne.

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