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« D’une crise énergétique à une crise alimentaire » : l’inflation des aliments devrait rester très élevée encore cette année

« D’une crise énergétique à une crise alimentaire » : l’inflation des aliments devrait rester très élevée encore cette année
(Getty Images)

À l’heure où l’inflation générale ralentit, les prix des aliments jouent les prolongations. L’inflation des produits alimentaires est très élevée, et devrait le rester une bonne partie de l’année 2023, montre une étude. Mais l’année prochaine, les prix devraient baisser à nouveau et ainsi connaître un épisode de déflation.

Les faits : l’inflation alimentaire est très élevée.

  • Il y a eu une baisse à échelle de la zone euro, en mars, mais avec 13,6%, l’inflation alimentaire est toujours très élevée.
  • En Belgique, elle n’a que très légèrement baissé en mars : elle s’établit à 16,6%, en glissement annuel.
    • Cela se répercute sur les supermarchés, où les prix ont augmenté de plus de 20% en février comme en mars, par rapport au même mois de l’année précédente.

La citation : une situation qu’on pourrait qualifier de « crise alimentaire ».

« Auparavant, les prix élevés de l’énergie constituaient le principal driver de l’inflation. À présent, ce sont les prix des denrées alimentaires qui sont extrêmement élevés. Nous passons d’une crise énergétique à une crise alimentaire. Cette situation a un impact sur la consommation. »

Johan Geeroms, directeur du Risk Underwriting pour le Benelux chez Allianz Trade

L’essentiel : inflation alimentaire élevée en 2023.

  • Les économistes d’Allianz Trade se sont penchés sur cette inflation alimentaire. Pour l’année 2023, ils s’attendent à un taux moyen de 8% dans la zone euro. Soit plus que l’inflation générale, qui devrait connaître un taux moyen de 5,6%.
    • Mais il y aura des changements : « nous nous attendons à ce que les prix des denrées alimentaires restent élevés pendant au moins un autre trimestre avant qu’une normalisation rapide ne s’installe », écrivent-ils dans un rapport consulté par Business AM.
    • Les prix des aliments devraient ainsi être un des moteurs de l’inflation. Ils devraient être responsables d’un tiers de la hausse générale des prix, contre un cinquième en 2022.
      • Autre moteur, soit dit en passant : les salaires. Ils devraient rendre l’inflation sous-jacente « plutôt persistante » cette année.
  • Mais, bonne nouvelle pour l’année prochaine : les prix des aliments devraient chuter de 3,8% sur l’année 2024. C’est-à-dire qu’à la fin de l’année 2024, ils seront moins élevés qu’à la fin de cette année-ci. Voilà ce qu’on appelle de la déflation.

Pourquoi une telle hausse des prix des aliments ?

Le détail : une série de facteurs ont poussé les prix vers le haut.

  • Les prix des matières premières, comme le blé, le maïs, ou les engrais, ont baissé, après des pics atteints en 2022, notent les économistes. Les prix des aliments n’ont pas suivi la même tendance : le marché des matières premières n’est donc pas la raison de la hausse élevée constatée aujourd’hui encore.
  • « Les coûts d’exploitation des producteurs et des détaillants de ces aliments semblent expliquer le décalage croissant entre les prix des denrées alimentaires en amont (matières premières) et en aval », expliquent-ils.
    • Ainsi, entre 2021 et 2022, les prix de l’énergie, mais aussi des emballages ont fortement augmenté.
  • Les distributeurs n’ont cependant pas immédiatement reporté toute la hausse des coûts sur les prix de vente. Leurs marges en ont d’ailleurs souffert et étaient plus basses qu’avant la pandémie, l’année dernière. Ainsi, « les entreprises du secteur alimentaire s’emploient à compenser les marges perdues et tentent de faire du ‘bénéfice’ en maintenant les prix à un niveau relativement élevé », note Geeroms.
    • Cette recherche de compensation pourrait ainsi être responsable pour 10% de la hausse des prix des aliments, entre mi-2022 et aujourd’hui.
  • Voilà un phénomène qui n’est d’ailleurs pas uniquement limité au monde de la (grande) distribution. De nombreuses entreprises, dans différents secteurs, profitent de l’inflation pour augmenter leurs prix. C’est ce qu’on appelle la greedflation.
    • Cela peut devenir un cercle vicieux : si les entreprises augmentent leurs prix, plus que la hausse de leurs coûts et avec l’argument que « les prix augmentent globalement », l’inflation ne va qu’augmenter davantage, car les prix de vente des entreprises sont repris dans le calcul de l’inflation.
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