Présenté ces dernières semaines comme un possible traitement face au coronavirus, un essai chinois vient de montrer l’inefficacité de l’antiviral, selon des projets de documents accidentellement publiés par l’Organisation mondiale de la santé.
Il y avait un début d’espoir que le médicament remdesivir puisse être la solution pour traiter le coronavirus, mais voici qu’il vient de prendre un sacré coup. L’antiviral n’aurait finalement pas amélioré l’état de patients à qui il a été administré ni réduit la présence de l’agent pathogène dans leur organisme, conclut l’un des premiers essais cliniques sur le médicament en Chine.
Le Financial Times révèle que l’on doit ces résultats à un résumé publié par erreur sur le site de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), avant d’être ensuite supprimé. ‘Nous regrettons que l’OMS ait publié prématurément des informations concernant l’étude’, a réagi Gilead Sciences. ‘Les chercheurs de cette étude n’ont pas donné leur permission pour la publication des résultats’. La firme américaine à l’origine du médicament a également déclaré que le document avait mal caractérisé l’étude. Décidément, les fuites s’enchaînent pour tout le monde.
Décès et effets secondaires
Quoi qu’il en soit, le mal est fait: ‘le remdesivir n’a pas été associé à des avantages cliniques ou virologiques’, peut-on lire dans le résumé publié par erreur. Il pourrait même s’avérer dangereux vu les résultats.
L’essai clinique a été réalisé sur un groupe de 237 patients. Le médicament a été administré à 158 d’entre eux alors que les 79 restant ont reçu un placebo. Au bout d’un mois, 13,9% des patients ayant pris le médicament étaient décédés, contre 12,8% de ceux ayant reçu le placebo. Et l’essai a été arrêté prématurément en raison d’effets secondaires ‘importants’… Mais aussi d’un taux de participation trop faible.
Des résultats non significatifs?
Gilead Sciences remet donc en cause cette étude sur son médicament. ‘Nous estimons que le résumé inclut des représentations inappropriées de l’étude. C’est important à souligner parce que l’essai a été arrêté assez tôt, en raison d’un faible taux de participation, ce qui ne permet pas de tirer des conclusions significatives du point de vue statistique’, a affirmé l’entreprise américaine.
‘Par conséquent, les résultats de l’essai sont peu concluants, même si des tendances dans les données suggèrent que le remdesivir a un côté bénéfique tout particulièrement pour les malades pris en main tôt’, s’est défendu Gilead Sciences.
Outre la remise en question de leur médicament, la firme a de quoi être furieuse: son action a été durement malmenée à Wall Street à la parution de l’article de presse. Les trois principaux indices boursiers américains ont également chuté après avoir enregistré des gains de plus de 1% après l’annonce de l’essai.
Mais tout espoir n’est pas perdu: cet échec ne signifie pas pour autant que le médicament est condamné et plusieurs essais en cours permettront bientôt d’avoir une idée plus précise de son efficacité. La désillusion reste tout de même forte après l’optimisme suscité par un premier essai à Chicago. Presque la totalité des patients étaient sortis de l’hôpital en moins d’une semaine… Mais il était finalement trop tôt pour tirer des conclusions définitives.
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