Quel sera l’impact de la crise du coronavirus sur l’économie mondiale? Sur base d’un modèle économique de la Banque mondiale, les économistes de la banque suisse spécialisée en gestion de fortune Pictet esquissent trois scénarios.
Les simulations économiques réalisées par les experts de Pictet supposent un taux de mortalité du coronavirus de 2,5%, ce qui est plus ou moins conforme à la situation actuelle, ainsi qu’une baisse de 20% du tourisme, de la restauration et de la consommation non essentielle.
1. Le pire cas de figure: le scénario de la grippe espagnole
Dans un scénario du pire, l’épidémie de coronavirus se transforme en une pandémie comme ce fût le cas en 1918 avec la grippe espagnole. Ses conséquences, à l’époque, ont été inimaginables: on estime qu’un cinquième de la population mondiale a été infecté par le virus et qu’au moins 50 millions de personnes en sont mortes.
Dans ce scénario catastrophe, l’économie mondiale se contracterait de 3%, avec des différences limitées entre les différentes régions du monde. Cela signifierait une crise énorme. À titre de comparaison, la crise bancaire a entraîné une contraction de seulement 0,1% du produit intérieur brut mondial en 2009. Cependant, il y a eu à l’époque de grandes différences entre les régions. Les économies avancées ont été les plus touchées, avec une contraction économique moyenne de 3,4%.
2. Le scénario du SRAS
La référence la plus évidente à la situation actuelle est l’épidémie de SRAS, au premier trimestre 2003. Celle-ci a principalement eu un impact sur la Chine et ses voisins. Ses conséquences sur l’économie mondiale ont été beaucoup plus limitées. Les ventes au détail en Chine avaient chuté de 15%, à cause de la baisse de plus de 20% des revenus des familles. Le trafic aérien entre la Chine et Hong Kong s’était lui effondré de 75%.
Toutefois, le ralentissement économique avait été très temporaire. L’économie chinoise avait malgré tout continué à progresser rapidement. L’épidémie de SRAS de 2003 a eu un impact négatif de seulement un point de pourcentage sur la croissance chinoise, la faisant baisser de 11 à 10%.
3. Pas une catastrophe, mais pire que le SRAS
Selon les économistes de Pictet, il est probable que le coronavirus ait un impact économique plus important que le SRAS. Il y a trois raisons à cela. Premièrement, le virus semble être plus dangereux d’un point de vue purement médical: la barre des 1.000 décès a été franchie lundi soir, plus que les victimes liées au SRAS, et rien n’indique à ce stade un ralentissement de l’épidémie. Deuxièmement, l’apparition du ‘2019-nCoV’ est tombée à un mauvais moment, d’un point de vue commercial: pendant la période du Nouvel An chinois. Cela a des répercussions dramatiques sur les ventes des magasins locaux.
Mais surtout, la Chine est beaucoup plus importante pour l’économie mondiale qu’elle ne l’était en 2003. Le géant asiatique représente aujourd’hui 15,4% du PIB mondial, contre seulement 4,4% à l’époque. La Chine est importante pour les entreprises occidentales non seulement du point de vue de la consommation et de l’importation de leurs produits, mais également pour son rôle clé en tant que fournisseur industriel dans plusieurs chaînes d’approvisionnement internationales.
Les conséquences de l’épidémie actuelle se font donc rapidement ressentir partout dans le monde. Les économistes s’attendent à ce que la croissance américaine passe de 2,1% au dernier trimestre de 2019 à 1,2% pour le trimestre en cours, selon une enquête de la chaîne CNBC.
La question clé: les politiques de relance chinoises fonctionneront-elles?
Un ralentissement économique semble difficile à éviter. Toute la question est de savoir s’il ne s’agira que d’une baisse temporaire ou si les effets seront plus durables.
Selon les experts, la politique économique chinoise aura un rôle important à jouer dans ce domaine. Cela peut se faire à la fois en stimulant la politique fiscale, par exemple grâce à des réductions d’impôts aux entreprises, et par une politique monétaire expansionniste, en injectant des liquidités dans le système. Les autorités chinoises ont déjà montré plusieurs signes qui laissent à penser qu’elles sont prêtes à dégainer le bazooka monétaire.
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