Voulant se rassurer, nombreux sont ceux qui n’ont pas voulu voir cette seconde vague arriver. Si l’explosion des cas touchait surtout les populations jeunes cet été, le ruissellement des contamination atteint de plus en plus les personnes à risques. ‘D’ici quelques jours, il y aura de nouveau des dizaines de décès’, prévient Marc Van Ranst. Les dernières tendances lui donnent raison.
Commençons par les chiffres bruts:
- 2.309, le nombre de contaminations quotidiennes sur les 7 derniers jours. C’est une augmentation de 48%.
- 81, le nombre de patients admis à l’hôpital chaque jour sur les 14 derniers jours. Soit une augmentation de 16,6%. En tout, 937 patients sont hospitalisés pour cause de Covid-19, 195 en soins intensifs, 83 sous respirateur.
- Le nombre de décès est de 10,3 par jour sur les 7 derniers jours. En tout, la Belgique déplore 10.078 morts.
- Le Rt est de 1,19, c’est-à-dire qu’une personne infectée en contamine plus d’une autre.
La hausse des cas peut certes s’expliquer par la hausse des tests. Mais cet argument est insuffisant pour se rassurer. Comme l’a montré le professeur à l’Université de Paris dans le cas marseillais: les contaminations, quit touchaient cet été surtout les jeunes, finissent tôt ou tard par atteindre les personnes à risques.
De plus, les patients nouvellement atteints sont désormais plus contagieux, affirme l’épidémiologiste Emmanuel André. Ils possèdent une charge virale plus importante. Comment cela s’explique-t-il ? Une partie des patients diagnostiqués durant l’été a été contaminée durant la première vague. Le système immunitaire faisant son effet, ils étaient encore porteurs de l’ARN du virus mais étaient moins contagieux voire plus du tout. Ce n’est pas le cas des nouveaux contaminés.
Dès lors, pour Marc Van Ranst, ce n’est qu’une question de temps avant que les morts ne se comptent par dizaines. Le cap des 1.000 patients hospitalisés sera dépassé d’ici quelques jours, selon le virologue.
Est-ce à dire que l’on est sur le point de revivre l’épisode du printemps dernier ? En mars, on comptait plus de 250 morts par jour et plus de 500 hospitalisations quotidiennes. Nous n’en sommes pas encore là. Pourquoi ? Des mesures ont été prises (gestes barrières, port du masque…), l’information est meilleure et les hôpitaux préparés. Mais force est de constater que certaines mesures sont de moins en moins appliquées. De toute manière, la première vague reste un mauvais point de comparaison. On pouvait difficilement faire pire.
La situation dans les hôpitaux s’aggrave
Dans les hôpitaux d’ailleurs, la situation évolue rapidement. Olivier Lhoest, Chef de service associé du service d’anesthésie-réanimation CHC Liège, écrivait le 28/08 ‘que les médias et nos gouvernants bien mal conseillés récitent admirablement leurs leçons de propagande en utilisant la peur de la première vague comme l’a proposé le CNS dans ses recommandations afin que la population applique leurs mesures liberticides sans discuter. Le seul problème est que la première vague est terminée depuis des mois dans la plupart des pays européens (les pays comme les USA, le Brésil, plus vastes et plus peuplés sont toujours en première vague). Lors de cette première vague, il y avait une corrélation entre la courbe des infections et des hospitalisations en médecine interne et réanimation. Aujourd’hui, cette corrélation a disparu et malgré le rebond « dramatique » annoncé des tests positifs à grand renfort de publicité par les médias, aucune surcharge des hôpitaux n’a été observée.’
Le ton est maintenant différent : ‘Je ne peux que confirmer que dans nos hôpitaux, la situation s’empire de façon exponentielle’, écrivait hier Julien Compère, administrateur-délégué du CHU de Liège.
L’immunité collective
Comme alternative au vaccin ou en attendant un vaccin efficace, certains proposent la solution de l’immunité collective. Au premier rang, l’ancien conseiller en chef du gouvernement suédois. Pour lui ‘la crise du Covid-19 est terminée en Suède grâce à l’immunité de groupe’.
S’il est vrai que le nombre de décès évolue peu, le nombre de cas repart à la hausse, ce qui n’était pas le cas il y a encore quelques semaines.
Et puis il y a l’exemple de la ville amazonienne de Manaus où le virus a pu s’exprimer pleinement. Pour certains chercheurs, l’immunité collective a été atteinte (+ de 60% de contaminés ayant des anticorps), mais cela s’est fait au prix de 3.000 morts. Le tout pour une immunité qui se détériore avec le temps. Pour comparaison, en France, selon les calculs de deux chercheurs de l’Institut Pasteur, l’immunité de groupe coûterait entre 100.000 à 450.000 vies.
La question n’est pas tant de savoir si une deuxième vague arrivera, mais de savoir si l’on doit attendre un nombre élevé de décès pour agir. Une nouvelle prise de conscience semble nécessaire. Si pas pour se préparer à de nouvelles mesures plus strictes, au moins pour appliquer celles qui sont existantes.