« Construire de nouveaux réacteurs nucléaires est pertinent du point de vue économique »

Le gestionnaire du réseau électrique français RTE a publié lundi ses principales conclusions sur l’avenir du réseau d’ici 2050, estimant qu’il serait « pertinent » économiquement de construire de nouveaux réacteurs nucléaires, tout en insistant sur la nécessité de développer les énergies renouvelables.

« Construire de nouveaux réacteurs nucléaires est pertinent du point de vue économique », mais « atteindre la neutralité carbone est impossible sans un développement significatif des énergies renouvelables », a souligné RTE dans un rapport très attendu.

Il s’était lancé en 2019 dans une vaste étude, d’une ampleur inédite en France et en Europe, dont les principaux enseignements sont rendus publics lundi.

Pour « éclairer le débat public », RTE présente six scénarios de production possibles, allant de 100% renouvelables en 2050 à un développement « volontariste » du nucléaire avec la construction de 14 EPR (des réacteurs de nouvelles génération) ainsi que des petits réacteurs.

Ces scénarios, qui avaient déjà été esquissés sur le plan technologique, prennent cette fois-ci en compte les dimensions économique, environnementale et sociétale des choix à faire.

« Les scénarios comprenant de nouveaux réacteurs nucléaires apparaissent plus compétitifs », sur le plan économique, concluent les auteurs.

20 milliards d’euros

Même si les coûts des renouvelables ont fortement baissé, les experts de RTE se penchent sur le « coût complet » de chaque énergie. Or le solaire ou l’éolien nécessitent des investissements plus importants pour les réseaux électriques (car ils sont plus éparpillés) et pour la flexibilité (car ils ne produisent pas en permanence), avec le besoin par exemple de plus de stockage et de centrales thermiques d’appoint à hydrogène ou biométhane.

L’écart est de l’ordre de 10 milliards d’euros par an entre une scénario avec de nouveaux réacteurs nucléaires (14 EPR) et un autre sans, posant comme postulat le développement de grands parcs renouvelables. Le fossé se creuse même à quelque 20 milliards par an si l’on compare cette option nucléaire à une autre faisant le pari d’un développement « diffus » des renouvelables, avec notamment un fort recours au solaire installé sur les toitures.

Cette publication intervient à l’heure où l’avenir énergétique de la France fait l’objet d’un débat animé à l’approche de la présidentielle de 2022, certains candidats prônant une sortie plus ou moins rapide du nucléaire (écologistes ou gauche radicale par exemple) tandis que d’autres (notamment à droite mais aussi au parti communiste) sont favorables à cette énergie. Le président Emmanuel Macron, favorable au nucléaire, réserve pour l’instant sa décision sur le lancement de six nouveaux EPR.

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