Si on ne parvient pas à enrayer le changement climatique, alors on pourra légitimement blâmer les plus riches : à eux seuls, ils y contribuent plus que la moitié de la population humaine. Et pourtant, eux, ils ont les moyens de changer leurs habitudes. Ils n’ont tout simplement pas l’air d’en avoir envie.
Alors que le coût environnemental des déplacements des dirigeants et autres politiciens partis assister à la COP26 de Glasgow suscitent la polémique, une nouvelle étude met en perspective ce que chacun, sur cette Terre, devrait consentir comme effort pour limiter le réchauffement climatique aux taux fixés par les accords de Paris. Chaque Terrien, sans exception, devrait maintenir son propre taux d’émission de CO2 en dessous des 2,3 tonnes par an, soit, la moitié environ de la moyenne actuelle.
Les 1% qui gâchent tout
Sauf que cette étude va plus loin car, justement, il s’agit là d’une moyenne : parmi l’humanité, tout le monde de dégrade pas notre planète au même rythme, bien au contraire. Environ un centième de la population mondiale -soit moins que le nombre d’habitants en Allemagne, qui est de 83 millions- produisait à lui seul 13% du carbone issu de l’activité humaine en 1999, et ce nombre est bien parti pour atteindre les 16% d’ici 2030. Cela représente une production annuelle de CO2 supérieure à 70 tonnes par personne et par an.
Et qui se cache derrière cet unique et funeste pourcent de notre espèces ? Le plus riches, les utilisateurs de jets privés, qui sont aussi parfois en plus des amateurs de superyachts et même de voyages spatiaux. A titre de comparaison, les 50% d’habitants les plus pauvres de notre planète rejettent chacun une tonne de CO2 chacun par an en moyenne seulement. Oui, vous avez bien lu, là aussi il s’agit d’une moyenne : certains sont largement en dessous de ce seuil.
Laissez-passer pour polluer
Une minuscule élite semble avoir un laissez-passer pour polluer », a déclaré Nafkote Dabi, responsable de la politique climatique chez Oxfam, qui a commandé l’étude à l’Institut pour la politique environnementale européenne (IEEP) et à l’Institut de l’environnement de Stockholm (SEI). « Leurs émissions démesurées alimentent les phénomènes météorologiques extrêmes dans le monde et mettent en péril l’objectif international de limitation du réchauffement climatique ».
L’organisation caritative exhorte les citoyens les plus riches à accélérer la lutte contre le réchauffement climatique en réduisant leurs propres émissions de CO2 conformément aux objectifs de Paris et en usant de leur influence et de leur soutien financier pour promouvoir une économie verte.
L’espace, dernière frontière pour gros pollueurs
Et ce, sans mener des actions de marketing d’un goût douteux et d’un coût certain, comme le tourisme spatial, qui peut difficilement se défendre en avançant une utilité pour la recherche scientifique, à l’inverse des vols « normaux » vers l’ISS par exemple. Car la grosse dizaine de minutes de vol spatial qui commence à -ironiquement- se « démocratiser » revient à éjecter 75 tonnes de CO2 d’un coup dans l’atmosphère. Plus, signale The Guardian, que ce qu’émettraient sur toute leur vie chacune des personnes constituant le milliard d’êtres humains le plus pauvre de la planète. Et pourtant, Jeff Bezos soutient que c’est là-haut qu’il a pris conscience de la fragilité de notre planète.
Certains experts estiment même que, inchangées, les émissions de gaz à effet de serre des 10% les plus riches de notre population suffiraient à dépasser l’objectif d’une hausse des températures moyennes limitée à 1,5°C, et ce, quoique fassent les 90% restants de l’humanité.