Des essaims de sauterelles parcourent l’Afrique de l’Est en dévorant toutes les cultures sur leur passage. Selon l’ONU, une crise alimentaire sans précédent est sur le point d’avoir lieu dans une région déjà fortement touchée par la faim.
Pour nous, ce sont de jolis insectes qui font un doux bruit lors de nos vacances sur les côtes de la méditerranée. Pour eux, ce sont un véritable cauchemar, comme l’explique un article de Bloomberg. Les sauterelles tigres, connues aussi sous le nom de criquets pèlerins, font vivre un enfer aux habitants d’Afrique de l’Est depuis le début de l’année. Elles dévorent toutes les cultures sur leur passage, créant d’immenses pertes pour les agriculteurs. Soudan, Ethiopie, Somalie, Kenya, Somaliland, Erythrée ou encore Djibouti, ils sont tous touchés par cette invasion. Cette région qui connait déjà une extrême famine, risque de perdre le peu de récoltes qui lui permettait de survivre tant bien que mal.
Le développement hors norme de ces essaims de sauterelles a débuté près de la mer Rouge. Les insectes se sont ensuite propagés dans la corne de l’Afrique et en Afrique de l’Est. L’invasion a atteint le Soudan du Sud ce lundi. Les insectes se dirigent maintenant vers le centre du continent.
Un futur peu rassurant
L’ONU en est sûr: la cause de cette invasion de sauterelles est le réchauffement climatique. ‘Des mers plus chaudes signifient plus de cyclones, ce qui crée un lieu de reproduction idéal pour ces criquets’, explique le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. Et cela risque d’aller de mal en pis. La région subit de fortes pluies saisonnières. Les conditions sont donc excellentes pour leur reproduction. Une nouvelle génération de criquets va déjà éclore pendant ce mois de février. Ils pourrait atteindre leur maturité en avril et seront alors prêt à pondre. D’ici juin, le nombre de criquets se sera multiplié par 500, selon les estimations de l’ONU.
Et plus le réchauffement climatique va s’accentuer, plus les invasions de sauterelles risquent de se multiplier. Contrairement aux humains, elles ‘sont tout à fait aptes à réagir rapidement et à tirer parti des événements pluviométriques extrêmes’, comme l’explique Rick Overson, coordinateur des recherches pour la Global Locust Initiative à l’Université d’Arizona.
La famine s’accentue
Dans la corne de l’Afrique, 12 millions de personnes sont déjà en situation de très grave insécurité alimentaire selon l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture. La majorité des habitants de la région dépendent entièrement de l’agriculture pour survivre. La destruction de leurs champs par les sauterelles pourrait mettre en danger plus de 20.000 personnes.
Il faut se rendre compte qu’un essaim de 40 millions de criquets peut manger en un jour la même quantité de nourriture que 35.000 humains. Ainsi, une invasion de criquet peut sans problème détruire 80 à 100 % des cultures.
Pour la FAO, ‘il est urgent de financer la lutte contre l’épidémie afin de protéger les moyens d’existence et la sécurité alimentaire’. Elle demande 76 millions de dollars. Mais fin janvier, elle n’avait récolté que 15,4 millions. Et les besoins risquent d’augmenter dans les mois à venir avec la propagation des essaims dans d’autres pays.
Il va falloir aussi apprendre aux agriculteurs à protéger leurs champs. Aujourd’hui, leurs techniques restent inefficaces. Certains tentent de faire fuir les insectes en secouant des bouteilles remplies de cailloux. D’autres brûlent des pneus, crient ou encore klaxonnent. Les fermiers pulvérisent à l’aveugle leurs cultures de pesticides. Cela tue ainsi les insectes utiles à l’écosystème et crée plus de problèmes que ça n’en résout.
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