Comment les employeurs profitent de la pandémie pour surveiller leur personnel en télétravail

Avec la normalisation du télétravail engendrée par la pandémie de coronavirus, le suivi des employés s’intensifie considérablement au moyen de logiciels de surveillance. Une tendance qui n’est pas sans danger pour le personnel.

Si la réalité peut vous sembler proche d’un épisode de Black Mirror depuis quelques mois, cette nouvelle information ne va pas arranger les choses. Selon les développeurs de logiciels de suivi, les demandes pour de tels services se sont considérablement accrues depuis le début de la pandémie. L’une de ces sociétés, Prodoscore, a déclaré avoir constaté une augmentation de 600 % de l’intérêt des clients potentiels depuis le début de la crise. TransparentBusiness indique également avoir constaté une hausse de 500 % du nombre d’utilisateurs d’un mois à l’autre.

‘Nous prenons un certain nombre de données, que ce soit un outil de Gestion de la Relation Client (GRC) qu’ils utilisent actuellement, un système téléphonique comme un Vonage, un système de courrier électronique […] Nous regroupons toutes ces données dans un tableau de bord en temps réel qui leur fournit un score pondéré’, explique le CEO de Prodoscore, Sam Naficy. ‘Tout est enregistré’.

En d’autres termes, de nombreux employeurs profitent du télétravail engendré par la crise pour surveiller étroitement les activités de leur personnel depuis leur domicile. Un contrôle qui pourrait encore s’accentuer à l’avenir. Selon une étude de Global Worlplace Analytics, 77 % des travailleurs souhaitent continuer à télétravailler au moins une fois par semaine même après le déconfinement.

Un abus des employeurs?

Une telle surveillance n’est pas sans conséquences sur les travailleurs. ‘Il y a beaucoup d’employeurs qui regardent cela et pensent que c’est une réelle opportunité de remodeler le travail’, indique Jamie Woodcock, maître de conférences des personnes et des organisations à l’Open University en Angleterre.

‘Cela profitera-t-il aux personnes qui travaillent et qui sont maintenant capables de travailler d’une nouvelle manière? Ou bien cela profitera-t-il aux employeurs qui trouveront de nouveaux moyens de tirer le meilleur parti du temps qu’ils ont acheté [dans les logiciels] pour faire travailler les gens encore plus dur?’

La réponse reste encore en suspens, mais certaines conséquences négatives du télétravail sur les employés sont déjà connues. Nos journées ont tendance à s’allonger lorsque l’on travaille de chez soi: aux États-Unis, un jour de télétravail compte 3 heures de plus qu’un jour de travail traditionnel, selon les données de NordVPN. Chez nous, la différence n’est ‘que’ d’une heure. Mais puisque l’on travaillait déjà en moyenne 9 heures par jour, les Belges sont donc à 10 heures de travail pendant la crise.

Ces heures supplémentaires contribuent à détériorer notre santé mentale, selon la coprésidente de l’association des psychologues du travail Vocap, Eva De Winter. Les symptômes sont eux aussi connus: stress et fatigue qui mènent à l’anxiété voire à la dépression. Plusieurs études en ont apporté la preuve.

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