Un mois après le début de la guerre en Ukraine, la tendance observée juste après le début de l’invasion se confirme: l’hydrogène vert est un des gagnants du conflit. Alors que de nombreux analystes estimaient qu’il lui faudrait encore plusieurs années avant d’être moins cher que le gris et le bleu, c’est déjà le cas aujourd’hui.
C’est une conséquences énergétiques de la guerre en Ukraine dont on parle peu, mais elle est pourtant significative. Et inattendue. Avec la flambée des prix du gaz, en Europe, l’hydrogène vert est moins cher que le gris et le bleu. Pour rappel, le vert est produit via des sources d’énergie renouvelable. Le gris est quant à lui issu d’énergie fossile (du gaz). Le bleu aussi, mais on y ajoute un processus de captage et de stockage du CO2.
Début mars, BloombergNEF notait déjà que l’hydrogène vert était devenu moins cher que le gris dans la région économique Europe-Moyen-Orient-Afrique (EMEA), ainsi qu’en Chine.
L’hydrogène vert de plus en plus attrayant
Cette semaine, c’est au tour de Rystad Energy de mettre ce phénomène en lumière. Et de préciser que le constat est – forcément – valable vis-à-vis de l’hydrogène bleu également.
La guerre en l’Ukraine a provoqué une hausse des coûts de l’hydrogène bleu et gris de plus de 70%, passant d’environ 8 dollars le kilogramme à 12-14 dollars le kilogramme en quelques jours, note le cabinet norvégien de conseil en énergie.
Dans le même temps, Rystad Energy remarque que l’hydrogène vert peut être produit pour seulement 4 dollars le kilo (voire moins), notamment dans la péninsule ibérique.
Elément permanent dans le mix énergétique
Avec de tels prix, la faisabilité de l’hydrogène vert en tant que source d’énergie renouvelable bon marché et sûre en Europe s’accroît, estime Rystad Energy.
« Si l’industrie et les gouvernements vont dans la bonne direction, leur défi consiste à réduire les risques pour les investisseurs dans l’hydrogène vert et à créer les incitations nécessaires pour augmenter rapidement la demande et l’offre », a déclaré Minh Khoi Le, responsable de la recherche sur l’hydrogène chez Rystad Energy. « Fondamentalement, un monde où l’hydrogène vert remplit le rôle actuellement joué par le pétrole, le gaz et le charbon sera très différent
Le cabinet met en lumière les plans de l’UE pour un paquet de financement de 300 millions d’euros pour l’hydrogène. Mais aussi l’initiative d’accélération de l’hydrogène du plan REPowerEU de la Commission européenne, destiné à sortir le bloc de sa dépendance aux importations d’énergie russe. Via ce plan, l’Europe a fait part début mars de son intention de compter sur 15 millions de tonnes d’hydrogène renouvelable supplémentaires d’ici 2030 (dont 5 produits directement en Europe, en plus des 5 déjà annoncées précédemment).
D’après Rystad Energy, l’hydrogène pourrait entrer de façon permanente dans le mix énergétique mondial d’ici 2030 si la production peut être augmentée de plus de 10 millions de tonnes et si les coûts sont réduits à 1,5 dollar par kilogramme ou moins. Pour remplir la première condition, rien que l’objectif fixé par l’Europe devrait suffire.