Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), l’augmentation de la demande de gaz naturel en provenance de la Chine constitue une plus grande menace pour la sécurité énergétique européenne que la réduction des importations de gaz naturel en provenance de Russie.
Ce n’est pas la Russie mais la Chine qui constitue la plus grande menace pour l’approvisionnement en gaz de l’Europe

Pourquoi est-ce important ?
L'été dernier, l'Europe a failli être confrontée à une véritable crise énergétique après la fermeture du robinet à gaz de la part de la Russie. Au final, le continent a tout de même réussi à s'approvisionner à temps, profitant derrière d'un hiver doux. Mais avec le rebondissement de l'économie chinoise, une nouvelle menace se profile à l'horizon.Dans l’actu : selon l’AIE, la demande chinoise de gaz naturel liquéfié (GNL) pourrait « augmenter considérablement » dans le pire des scénarios pour 2023. Cela mettrait l’Europe en difficulté.
- L’une des raisons pour lesquelles le gaz naturel est resté abordable est la politique draconienne chinoise du « zéro-COVID ». Cette politique a maintenu une faible demande dans le pays, ce qui a permis à l’Europe d’importer des surplus de GNL à des prix acceptables. La Chine, par exemple, a importé 21% de GNL en moins en 2022 que l’année précédente.
- Mais à la fin de l’année dernière, le gouvernement du président Xi Jinping a déserré la vis. Cela n’a pas immédiatement conduit à une énorme reprise économique, mais cette année pourrait être différente, estime l’AIE.
Scénario apocalyptique
Les détails : Dans son rapport, l’agence énumère un certain nombre de scénarios.
- Dans le meilleur des cas (du moins pour l’Europe), la demande chinoise de GNL diminuerait encore cette année, d’environ 12%. Mais dans le pire des cas, les importations pourraient exploser d’environ 35%.
- En raison de plusieurs facteurs, il n’est pas facile d’estimer la quantité de GNL que le pays importera cette année, indique le rapport. La marge est en fait très large : le pays aura besoin de 75 à 115 milliards de mètres cubes de gaz en 2023. Une marge de 40 milliards de m3 est plus importante que la perte potentielle de l’ensemble du gaz que l’Europe importe encore de Russie par gazoduc.
Contrats à long terme
Le contexte : Si la demande peut fluctuer fortement, le nombre croissant de contrats à long terme signés par la Chine jouera un rôle majeur.
- Au total, quelque 13 milliards de mètres cubes de GNL seront livrés au pays cette année dans le cadre de tels contrats. La Chine sera ainsi moins dépendante du marché spot et de la fluctuation des prix qui y est associée.
- L’AIE prévoit que la Chine sera en mesure d’importer 110 milliards de mètres cubes cette année. Ce chiffre est nettement supérieur à la demande prévue dans la plupart des scénarios.
- Si le pays importe un surplus, il pourrait bien revendre du GNL à l’Europe. C’est également ce qui s’est passé en 2022 (notamment avec du gaz russe passé via Pékin), pendant la période la plus critique la crise énergétique.
- Rappelons que la Chine a récemment signé deux mégadeals avec le Qatar pour son approvisionnement en GNL.
(CP)