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La Chine importe plus de pétrole de Malaisie que cette dernière n’en produit : comment le pétrole sanctionné passe entre les mailles du filet

La Chine importe plus de pétrole de Malaisie que cette dernière n’en produit : comment le pétrole sanctionné passe entre les mailles du filet
Getty Images

Une différence entre deux chiffres qui confirme une tendance : la Malaisie est bel et bien une plaque tournante du pétrole sanctionné, transféré sur des navires contenant du pétrole malaisien et revendu en tant que ce dernier.

Depuis le début de l’année, les importations chinoises de pétrole depuis la Malaisie ont doublé. En juillet, la Chine importait 791.000 barils par jour, rapporte Markets Insider. Mais dans ce chiffre, il y a un hic. C’est plus de pétrole que ce que le pays produit.

Transfert du pétrole sanctionné?

La différence entre les deux confirme une tendance. Les eaux malaisiennes sont bel et bien une zone de transit pour du pétrole sanctionné. Dans ces eaux, les navires font souvent ce qu’on appelle des transferts de navire à navire. Du pétrole venu d’ailleurs est ainsi mélangé à du pétrole malaisien, et l’ensemble est ensuite vendu comme du pétrole malaisien.

Pourquoi mélanger le pétrole? Cela permet d’effacer l’origine du pétrole en question. Du pétrole sanctionné, comme l’iranien ou le vénézuélien, trouve ainsi son chemin vers le marché. Dans ses données officielles, la douane chinoise indique d’ailleurs ne pas avoir importé de pétrole depuis ces deux pays, en juillet.

Une pratique liée à ces transferts est le « dark shipping ». Les navires transportant du pétrole incriminé éteignent leur transpondeur pour qu’on ne suive pas vers quelle destination ils se dirigent. Depuis le début de la guerre en Ukraine, de nombreux pétroliers russes mettent en oeuvre cette astuce, pour pouvoir continuer à vendre leur marchandise dans les pays occidentaux, qui ont imposé un boycott de l’or noir russe.

Ce n’est cependant pas le cas de la Chine. Depuis l’invasion, la Chine a augmenté ses achats de pétrole russe, et Moscou est devenu le premier importateur, montrent les données officielles.

Émirats arabes unis

Autre que la Malaisie, les Émirats arabes unis mélangent également du pétrole russe et iranien dans leur propre pétrole, avant de le revendre en tant que pétrole émirati, expliquent des traders au Wall Street Journal. Avec l’embargo européen sur le pétrole russe, qui deviendra total en fin d’année, ces pratiques risquent d’encore augmenter.

D’ailleurs, après 6 mois de guerre, la Russie a déjà retrouvé son volume d’avant-crise et ses circuits de redistribution, clandestinement ou non. Ce qu’elle ne peut plus faire passer à l’Occident, elle le livre en Asie ou au Moyen-Orient, qui le redistribuent ensuite. Le mois d’août a d’ailleurs été un mois historique pour la Russie.

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