Guerre commerciale : la Chine riposte en limitant ses exportations essentielles aux batteries électriques, au nom de la « sécurité nationale »

La Chine, première productrice mondiale de graphite, s’assure un monopole solide. Et se rend ainsi incontournable dans la course aux batteries électriques. Une riposte cinglante aux projets protectionnistes des USA et de l’Europe.

Pourquoi est-ce important ?

Les batteries électriques dont nous avons tant besoin - et ça ne va pas s'arranger - ne nécessitent pas que du lithium. Elles ont aussi besoin de graphite, utilisé dans pratiquement toutes les anodes, la partie négativement chargée d'une batterie. Or, la Chine est le premier pays producteur et exportateur mondial de graphite. Et elle compte bien peser sur cet avantage.

Permis d’exportation

Dans l’actualité : Pékin a annoncé qu’elle exigera dorénavant des permis d’exportation pour certains produits à base de graphite, rapporte Reuters.

  • Le ministère chinois du Commerce a justifié cette mesure en la présentant comme « favorable à la garantie de la sécurité et de la stabilité de la chaîne d’approvisionnement mondiale et de la chaîne industrielle, et propice à mieux protéger la sécurité et les intérêts nationaux. »
  • Il a ajouté qu’il ne ciblait aucun pays en particulier. Les principaux acheteurs de graphite en provenance de Chine sont le Japon, les États-Unis, l’Inde et la Corée du Sud, selon les données douanières chinoises.
  • Tous les produits à base de graphite ne seront toutefois pas concernés. Mais il faudra bien un permis d’exportation, à partir de décembre, pour expédier soit du graphite synthétique de hautes pureté, dureté et intensité, soit du graphite naturel en palette. En clair : le graphite sous sa forme la plus pratique pour produire des voitures électriques. Ou la matière première nécessaire pour raffiner un tel graphite.
  • Rappelons que selon l’IER (Institute for Energy Research), la Chine extrait 61% du graphite naturel mondial, et qu’elle en raffine 98% du produit final.

Une manière d’assurer ses propres arrières alors que la demande va augmenter ? Sans doute, mais pas seulement. Car les relations entre la Chine d’un côté, et les USA et l’UE de l’autre, sont des plus tendues. C’est un véritable bras de fer commercial à trois bandes qui se joue désormais.

Guerre commerciale à 3 joueurs

  • Plus tôt dans la semaine, Biden avait remis une pièce dans la machine de la guerre des puces électroniques. Il a élargi les restrictions sur l’accès des entreprises chinoises aux semi-conducteurs les plus performants, en particulier les puces destinées à booster des machines travaillant sur l’IA. Ça n’a pas plu aux actions des entreprises concernées, mais encore moins à la Chine.
  • Du côté de l’Europe, on accuse la Chine de dumping massif sur ses voitures électriques, qui cassent les prix et qu’on soupçonne fortement d’être nourries aux subventions cachées de Pékin. Une accusation qui pèse d’ailleurs aussi sur les filières chinoises des éoliennes et du photovoltaïque.
  • La Chine semble se reporter sur l’Europe après avoir subi l’entrée en vigueur des lois protectionnistes américaines. Jusqu’à faire envisager à l’UE de mettre en place des taxes supplémentaires à l’importation à son tour, pour favoriser ses propres entreprises face à cette concurrence massive.
  • Dans ce contexte, difficile de ne pas voir cette mesure comme une riposte de Pékin, qui assoit sa mainmise sur une ressource tout en s’assurant que ses produits finis restent incontournables.
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