Dans l’actu : Hunter L. Clark et Matthew Higgins, deux économistes de la Federal Reserve Bank of New York, ont estimé combien de temps il faudrait avant que la Chine n’atteigne le PIB par habitant d’un pays moyennement développé, en prenant la Grèce comme exemple.

Accumulation rapide de dette sur une courte période

Zoom avant : La dette publique de la Chine, comprenant la dette des gouvernements central et locaux, a connu une ascension rapide, passant d’environ 40% du PIB en 2008 à plus de 70% en 2022. Selon les auteurs, ce niveau est élevé comparé à d’autres marchés émergents.

• Toutefois, le ratio d’endettement de la Chine demeure inférieur à celui de la plupart des économies avancées. La Grèce se distingue avec un ratio d’endettement frôlant les 200% du PIB.
  • La dette élevée de la Grèce résulte d’une dépense chronique excessive, d’une crise économique et des plans de sauvetage initiés en 2010. La croissance de la dette s’est stabilisée, mais demeure très élevée.
• Au rythme actuel, la dette de la Chine pourrait atteindre les niveaux grecs dans les 5 à 10 prochaines années. Cette accumulation rapide de dette en si peu de temps augmente les risques financiers.
• Une grande différence réside dans le fait que la dette de la Chine est détenue à l’intérieur du pays, entre les mains des banques d’État et des détenteurs d’obligations nationaux. La Chine a davantage de contrôle sur la gestion de sa dette interne, mais ses banques pourraient subir des pertes.
• En revanche, la Grèce a des créanciers étrangers tels que le FMI et la BCE. Ainsi, la Grèce était soumise à des conditions strictes imposées par ces créanciers étrangers en matière de prêts et de politique budgétaire.

La quadrature du cercle

Zoom arrière : Les défis démographiques de la Chine, confrontée à un vieillissement rapide de sa population, ne feront qu’exacerber les problèmes d’endettement, affirment les deux auteurs. La croissance économique pourrait pâtir de la dette, qui tend à réduire la productivité.

• Une dette élevée limite également les options stratégiques de la Chine. Augmenter les dépenses pour stimuler la croissance contribue à l’endettement. À l’inverse, une politique plus rigoureuse pour limiter les risques liés à la dette nuit à la croissance.
• Parmi les mesures que la Chine pourrait prendre figurent la restructuration de la dette des gouvernements locaux, l’ouverture des marchés obligataires pour plus de transparence, et la réforme des finances publiques afin de diminuer les dépenses improductives. Cependant, le défi s’intensifie à mesure que la dette augmente.

La Chine peut-elle atteindre son objectif ?

« À notre avis, non », écrivent les deux auteurs. « La croissance rapide et constante rencontre de plus en plus de résistances en raison du vieillissement de la population et des rendements décroissants du modèle de croissance axé sur l’investissement de la Chine. »

• Des obstacles supplémentaires à la croissance semblent se profiler, notamment un glissement vers une gestion étatique accrue de l’économie, la cristallisation de l’héritage, des problèmes de crédit dans le secteur immobilier et d’autres secteurs, ainsi que des restrictions sur l’accès à des technologies étrangères essentielles.
• Même en partant d’hypothèses généreuses concernant les fondamentaux de la croissance future, la Chine ne semble pouvoir combler qu’une fraction de l’écart avec les pays à revenu élevé dans les années à venir.

(SR)