La Chine deviendra-t-elle le troisième pays dans la course aux armes nucléaires ?

Pendant la guerre froide, les États-Unis et la Russie se disputaient le podium pour le plus grand arsenal nucléaire. Maintenant que les relations entre les deux puissances semblent se détériorer à nouveau, cette course aux armements semble, elle aussi, avoir repris. Mais un troisième acteur doit désormais être pris en compte : la Chine. Tom Sauer, professeur de sciences politiques à l’Université d’Anvers, présente ces nouveaux enjeux.

Dans l’actualité : La Chine frappe à la porte de la Russie pour du combustible nucléaire.

  • « La Chine a importé quelque 6.500 kilogrammes d’uranium de Russie pour un réacteur à neutrons rapides. Avec ce réacteur, on peut produire du plutonium relativement facilement, qui peut être utilisé soit à des fins civiles pour réalimenter ce réacteur à neutrons rapides, soit, et c’est là que le bât blesse, à des fins militaires, pour fabriquer des armes nucléaires », contextualise Sauer.
  • Ce dernier point en particulier inquiète l’Occident. En effet, l’arsenal nucléaire de la Chine est jusqu’à présent toujours resté assez limité. « Le fait est que la Chine possède en fait des armes nucléaires depuis les années 1960, mais a toujours mené une politique visant à en conserver un nombre limité, contrairement aux deux autres superpuissances (les États-Unis et la Russie, ndlr), qui ont aligné des milliers d’armes nucléaires ».
  • « La Chine avait jusqu’à présent environ 300 armes nucléaires et en était apparemment satisfaite. Mais sous le président Xi Jinping, il y a apparemment eu un tournant de politique. Il souhaite effectivement, du moins selon la CIA, porter ce nombre à 1.000 armes nucléaires d’ici 2030 et peut-être 1.500 d’ici 2035. Et si toutes ces armes nucléaires étaient déployées, cela correspondrait aux chiffres de la Russie et des États-Unis », explique M. Sauer. « Cela mettrait en fait la Chine à égalité avec les deux autres et pourrait conduire à une nouvelle course aux armements, car les États-Unis pourraient alors décider d’en produire de nouvelles également. »

Entre les lignes : cela conduira-t-il à une nouvelle course aux armements ?

  • « Jusqu’à présent, les États-Unis regardent surtout la Russie, en termes d’armes nucléaires, et essaient de suivre le rythme, notamment parce que la Chine n’a pas beaucoup d’armes », souligne Sauer.
  • « Mais si la Chine crée autant d’armes nucléaires que la Russie, des voix s’élèvent en Amérique pour additionner les deux. Dans ce cas, l’Amérique devra doubler son arsenal. »
  • « Le problème, c’est que jusqu’ici, le nombre d’armes nucléaires dans le monde a en fait systématiquement diminué, même si dernièrement, c’est plutôt le statu quo depuis le milieu des années 80. Mais le problème est qu’à partir de cette année, les chiffres pourraient recommencer à augmenter », explique le professeur.
  • « Nous allons dans la mauvaise direction, malgré la demande et l’obligation légale du traité de non-prolifération d’arriver à zéro. Globalement, nous sommes toujours coincés avec environ 12.000 armes nucléaires et le reste du monde ne s’amuse pas du fait que les choses ne progressent pas plus vite en termes de désarmement. »

MB

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