Comment la Chine commence discrètement à prendre une avance considérable dans la course à la production d’hydrogène vert

Les usines chinoises peuvent produire des dispositifs d’électrolyse bien moins chers que leurs concurrents occidentaux. Cette technologie est utilisée pour produire de l’hydrogène dit « vert » et pourrait donner à la Chine un avantage considérable sur l’Europe et les États-Unis.

Un système d’électrolyse produit en Chine ne coûterait que 343 dollars par kilowatt (kW), soit plus de 70% de moins qu’en Occident, où le prix avoisine les 1.200 dollars, estime Bloomberg.

Les électrolyseurs fonctionnent en faisant passer de l’électricité dans l’eau, séparant cette dernière en oxygène et en hydrogène. Actuellement, l’électricité produite à partir de combustibles fossiles est encore majoritairement utilisée pour faire tourner les électrolyseurs, ce qui rend la production d’hydrogène tout sauf écologique. Mais lorsque l’électricité extraite de sources renouvelables est utilisée, il s’agit d’hydrogène « vert » (et « rose » si l’électricité est nucléaire).

L’hydrogène peut aussi être obtenu via le réchauffement de méthane (CH4), qui se sépare alors en carbone et en hydrogène. On parle alors d’hydrogène « gris ». Mais lorsque le carbone peut être capté, on parle d’hydrogène « bleu ».

Systèmes commandés en masse

Les systèmes chinois bon marché commencent à être vendus en nombre croissant. Selon Bloomberg, les électrolyseurs chinois bon marché pourraient réduire de 30% le coût de production de l’hydrogène vert d’ici 2025.

La part de marché de la Chine pourrait également augmenter en Europe et aux États-Unis, même si cette croissance sera limitée dans un premier temps, selon une analyse du cabinet d’études BloombergNEF. Quoi qu’il en soit, les entreprises chinoises semblent prêtes à entrer sur le marché mondial, selon le rapport. « Les produits d’électrolyse fabriqués en Chine sont susceptibles de devenir mondialement populaires en 2025 à 2030. »

En effet, les usines chinoises auraient accès à une main-d’œuvre moins coûteuse et disposeraient d’une chaîne d’approvisionnement très développée pour les composants et les matières premières. En outre, le pays aurait déjà une expérience de la production d’hydrogène, la demande du côté industriel étant de toute façon déjà élevée. L’hydrogène est utilisé dans une série d’industries, comme la production d’acier ou de certains polysilicones.

Avoir les électrolyseurs, en nombre et bon marché, est une chose. Mais pour produire de l’hydrogène vert, il faut aussi de l’électricité verte. Dans ce domaine, la Chine devrait également être bien fournie. Les annonces de constructions de parcs éoliens et solaires immenses s’enchainent, même si, en même temps, la Chine augmente aussi la production d’électricité à base de charbon.

La production mondiale doit être augmentée

Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la production mondiale d’hydrogène vert doit être sérieusement intensifiée dans les années à venir, afin de rendre un certain nombre d’industries moins polluantes. Pour atteindre les objectifs climatiques fixés lors de la conférence sur le climat de Glasgow en 2021, la production devra doubler chaque année jusqu’en 2030, selon l’AIE et une alliance de pays représentant 70 % de l’économie mondiale.

À l’heure actuelle, seul 1 % de l’hydrogène mondial est extrait à l’aide d’énergie verte. D’ici 2030, cette production devra augmenter de plus de 10.000% pour atteindre quelque 130 millions de tonnes par an. Aujourd’hui, moins d’un million de tonnes d’hydrogène vert sont produites chaque année dans le monde.

(CP)

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