Quatre rapports sur le marché du travail américain vont tomber cette semaine, en plus d’une prise de parole du président de la Réserve fédérale (Fed), Jerome Powell. Wall Street tient son haleine : quels signes sur les taux d’intérêt pourra-t-on y lire ?
Rude semaine à Wall Street : voici les risques qui attendent les investisseurs

Pourquoi est-ce important ?
Un marché du travail en surchauffe, avec des salaires en augmentation rapide, est une des causes de l'inflation aux États-Unis. Pour réduire l'inflation, la Fed s'attaque entre autres à ce marché du travail. S'il est toujours en pleine forme, des taux d'intérêt encore plus élevés seront peut-être nécessaires. Un risque pour les cours boursiers.Dans l’actu : une semaine remplie d’annonces cruciales.
- Mardi et mercredi : les déclarations de Jerome Powell, président de la Fed, devant le Congrès américain.
- Mercredi : le rapport d’ADP sur les emplois du secteur privé en février, tout comme le rapport sur les embauches, offres d’emplois et licenciements en janvier, de JOLTS.
- Jeudi : Les données de Challenger, Gray & Christmas sur les licenciements en février.
- Vendredi : le rapport officiel du Bureau des statistiques sur le nombre d’emplois créés et le taux de chômage.
Le S&P 500 est en légère hausse ce lundi, avec 0,66% après deux heures de négociation.
Bonnes nouvelles = mauvaises nouvelles ?
L’enjeu : un signe pour les taux d’intérêt à venir ?
- Pour la comparution de Powell, il est clair, le marché essayera d’observer d’éventuels signes sur les taux d’intérêt. Le président de la Fed ne donne jamais d’indications précises, mais ses commentaires sur la santé de l’économie et l’effet des taux d’intérêt pourraient en tout cas donner des indications sur la politique monétaire à venir. Les investisseurs les analyseront en tout cas à la loupe.
- Les chiffres du marché du travail seront déjà plus concrets. L’enjeu sera surtout de voir si le marché du travail est toujours en pleine croissance (ce qui alimente l’inflation) ou non.
- En janvier par exemple, la rapport officiel avait fait état de 517.000 nouveaux emplois, contre des estimations de 185.000 environ. Le taux de chômage était de 3,4%, soit au plus bas depuis 1969.
- Après la pandémie, il a redémarré en trombes, créant une pression haussière sur les salaires. Depuis, malgré les hausses des taux d’intérêt, il se montre toujours résistant. Reste à voir si les données du mois de février seront un tournant. L’estimation générale tourne autour de 200.000 emplois ajoutés (ce qui serait toujours beaucoup), mais les dernières estimations se sont toutes trompées.
- Ce que cela implique : en résumé, un marché du travail toujours en pleine puissance donne quasi l’obligation à la Fed de continuer à élever les taux d’intérêts. Surtout que de l’autre côté, l’inflation a baissé moins rapidement en janvier.
- Or réduire l’inflation est la mission première de la Fed. Et cela passe par des hausses des taux d’intérêt, notamment pour calmer le marché du travail, s’il est toujours en surchauffe.
L’essentiel : le marché est allergique aux taux d’intérêt élevés.
- Tout au long de 2022, les perspectives de taux d’intérêt élevés (déduites via des nouvelles sur la résilience de l’économie, par exemple), ont poussé les marchés vers le bas. Ces dernières semaines, ces perspectives ont fait leur retour, avec des effets similaires. En début d’année, les marchés voyaient encore la fin de la hausse des taux comme proche.
- La semaine qui vient a donc de quoi faire peur aux investisseurs : si les données du marché du travail restent solides, ils peuvent s’attendre à des chutes à Wall Street. Selon le leitmotiv : good news is bad news (« de bonnes nouvelles pour l’économie sont de mauvaises nouvelles pour le marché »).
- Mais la semaine prochaine devrait s’annoncer intéressante aussi : les données de l’inflation américaine seront publiées le mardi 14 mars. Un pré-indicateur de la Fed montre déjà que l’inflation serait repartie à la hausse. La Fed se réunira le 21 et 22 mars pour décider de la politique monétaire, soit la semaine d’après.