Bruxelles veut bloquer l’alliance monstre entre deux constructeurs navals coréens et tout cela à cause de la hausse des prix de l’énergie

L’UE s’inquiète de la domination de la Corée dans le transport du gaz naturel liquéfié, dans un contexte de flambée des prix de l’énergie.

Bruxelles se prépare à bloquer une fusion d’une valeur de 2 milliards de dollars entre deux des plus grands constructeurs de navires de Corée du Sud. Ce serait la première fois depuis 2019 que l’UE cherche à bloquer une fusion d’entreprises internationales, rapporte le Financial Times ce mardi.

Il s’agit d’une fusion entre Daewoo et Hyundai, deux poids lourds du secteur maritime. L’UE considérerait cette alliance monstrueuse comme anticoncurrentielle pour ses propres constructeurs de navires. Cette semaine, la position de Bruxelles sera rendue publique, ont déclaré trois initiés au journal économique.

En 2019, Bruxelles avait opposé son veto à une fusion entre l’indien Tata Steel et l’allemand ThyssenKrupp, un négociant en acier et une entreprise technologique. On craignait alors que les prix pour les consommateurs n’augmentent trop en raison de cette collaboration. ThyssenKrupp avait contesté cette décision devant un tribunal européen.

Domination du marché de livraison de gaz naturel liquéfié

La décision de bloquer la fusion en Corée du Sud est motivée par les prix de l’énergie qui montent en flèche en Europe, en hiver. Les constructeurs navals sud-coréens sont des fournisseurs essentiels de gaz naturel liquéfié (GNL) pour l’UE et représentent quelque 30 % de la demande mondiale de navires de charge. Les livraisons de GNL destinées à atténuer la crise énergétique à la fin de l’année dernière se sont avérées essentielles pour maintenir les prix élevés du gaz à un niveau bas.

Selon le Financial Times, les frais de transport du gaz naturel liquéfié en provenance d’Asie ont déjà atteint un niveau record de plus de 300.000 dollars par jour en raison de l’augmentation de la demande mondiale de ce produit. Les deux acteurs sud-coréens, qui envisagent maintenant une fusion, dominent également le marché de la fabrication de navires transportant du GNL surrefroidi. L’année dernière, les deux sociétés ont produit ensemble 45 du total de 75 navires à GNL mis sur le marché.

L’UE craint donc que le transport de GNL vers notre région ne devienne encore plus coûteux si la fusion se poursuit. Entre temps, notre région est devenue le troisième plus grand importateur de GNL au monde.

« L’UE doit approuver la fusion sans condition »

La fusion a déjà été approuvée par les régulateurs en Chine, au Kazakhstan et dans l’artère maritime de Singapour. Mais pour que l’accord puisse être mis en œuvre, il doit encore recevoir le feu vert de l’UE, du Japon et de la Corée du Sud.

Hyundai a répondu que l’UE devait approuver la fusion sans condition. « Il est impossible d’évaluer la dominance sur le marché de la construction navale en se basant uniquement sur la part de marché, et la structure du marché fait qu’il est difficile pour une entreprise particulière de monopoliser le marché », a répondu l’entreprise au journal économique.

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