Le Brexit est un désastre pour les brasseries britanniques

Les brasseries britanniques sont très vulnérabilisées par les conséquences du Brexit. C’est ce que Jonny Garrett, expert dans le domaine brassicole, explique dans une colonne du site Goodbeerhunting.com. La chute de la parité de la livre sterling, l’introduction de droits de douanes et de nouvelles réglementations, l’augmentation du coût des matières premières, ainsi que les problèmes de logistique, sont autant de risques pour la profession. 

L‘incertitude persistante autour du brexit malgré 3 ans de négociations, a un effet paralysant sur les brasseries britanniques. Elles sont incapables de planifier et de s’adapter àn une nouvelle situation qui risque de voir leurs marges entamées.

Les brasseries britanniques dans l’incertitude totale

La Grande-Bretagne profite actuellement du marché commun qui lui permet de vendre ses bières sans droits de douane aux autres pays membres de l’Union européenne. Mais la perspective d’un « no-deal Brexit », c’est à dire d’un divorce de l’UE sans accord, est maintenant de plus en plus probable. Boris Johnson, le Premier ministre britannique, a déclaré que son pays sortirait du bloc le 31 octobre, quels que soient les termes de ce départ. Cette perspective place les sociétés britanniques exportatrices dans une grande incertitude, puisqu’elles ne savent pas ce qui se produira dans à peine plus de 6 semaines. 

Darron Anley, directeur général de la brasserie britannique Siren Craft Brew, qui exporte notamment ses produits en Allemagne, en France, et en Scandinavie, explique que sa société a contacté les douanes pour tenter d’obtenir des précisions. Mais en vain. « Vous pouvez appeler plusieurs fois et obtenir des réponses différentes. Ils ne connaissent même pas leurs propres lois ou leur application. Ce ne sont que des informations contradictoires », déplore-t-il.

Des coûts et des contraintes supplémentaires

Le Royaume-Uni a promis qu’il n’y aurait pas de droits de douane pendant les 12 premiers mois, mais ne peut garantir que les exportations se dérouleront de la même manière. Or, les petites brasseries ne peuvent compter sur leur maintien de leur niveau de ventes, au risque de se retrouver avec d’énormes stocks d’invendus très coûteux. Les exportations de Siren ont déjà beaucoup baissé, et la firme n’a vendu que 14 % de sa production sur des marchés étrangers en 2018, contre 34 % en 2016.

Phil Brown, analyste chez le cosultant PricewaterhouseCoopers (PwC), consultant, souligne que beaucoup de brasseries britanniques importent leurs équipements et leurs matières premières, et sont donc très dépendants du marché commun. Or, un grand nombre d’entre elles ne se sont absolument pas préparées à l’éventualité d’un « no-deal brexit ». Il estime que l’allongement des délais de livraison suite au rétablissement des contrôles aux frontières nationales pourrait entraver les livraisons des commandes étrangères. De même, les nouvelles formalités administratives pourront induire des délais et coûts supplémentaires. Ceux-ci pourraient être fatals aux entreprises ayant une réserve financière limitée.

Le recrutement sera aussi un problème

La plupart des brasseries britanniques ont déjà subi des dégâts. Les brasseurs ont d’abord cru que la chute spectaculaire de la valeur de la livre sterling depuis le référendum sur le Brexit allait améliorer leurs exportations. Mais ils ont déchanté : elle a surtout eu pour effet de surenchérir le coût des produits importés de 15 à 20 %. Le houblon, le malt, mais aussi les produits d’emballage, tels que les cartons et l’encre pour les étiquettes, sont désormais significativement plus chers. Tous les bénéfices escomptés ont été annulés par ces surcoûts.

Le Brexit aura également un impact sur la main d’oeuvre. Par le passé, Siren Craft Brew avait pu recruter des brasseurs allemands et américains. Mais là aussi, les incertitudes concernant le statut des expatriés après le Brexit dissuade désormais les candidatures étrangères.

D’après Jonny Garrett, les petites brasseries britanniques les plus dépendantes de marchés de niche à l’exportation vers d’autres États membres de l’Union européenne sont particulièrment menacées.

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