Mauvaise nouvelle pour les actionnaires de Bpost. L’entreprise déclare qu’elle ne sait pas quand l’impact financier de l’enquête sur la manipulation des prix sera clair. Et la nomination d’un nouveau PDG pourrait également prendre des mois, a confirmé la présidente Audrey Hanard lors d’une conférence de presse en ligne.
La citation : L’administrateur délégué par intérim Philippe Dartienne a reconnu lors de la conférence de presse que l’incertitude persistante entourant les enquêtes en cours ne peut pas faire du bien au cours de l’action de Bpost. « Nous sommes dans le pire scénario possible : nous avons identifié le problème, mais nous ne pouvons pas encore dire quand exactement nous le résoudrons. »
Aussi : « Bpost n’est actuellement pas en mesure de fournir plus d’informations sur l’impact par rapport aux revenus passés et n’a aucune visibilité, dans l’attente d’une analyse juridique et financière plus poussée, sur le moment où des sorties de fonds pourraient avoir lieu à cet égard », peut-on lire dans les résultats trimestriels. En début de semaine, KBC Securities a avancé le chiffre de 350 millions d’euros.
Résultat : les performances opérationnelles, que les analystes jugent meilleures que prévu, sont complètement éclipsées par le scandale qui entoure l’entreprise. La direction de Bpost elle-même ne s’en rend que trop bien compte, comme en témoigne le fait que la présidente Hanard s’est joint à ce qui, dans des circonstances normales, aurait été une sobre présentation des chiffres trimestriels.
Encore des cadavres à la cave ?
L’ampleur : Hanard a confirmé que l’audit visant à déceler des comportements contraires à l’éthique dans le domaine des marchés publics n’était pas encore terminé. Pour rappel, cette enquête interne a révélé une probable surcompensation dans trois marchés publics :
- La délivrance des plaques d’immatriculation.
- La gestion des comptes de l’État, connus sous le nom de comptes 679.
- La collecte d’amendes pour des infractions routières commises par des conducteurs étrangers.
Mais il n’est pas exclu que d’autres dossiers soient ajoutés. « Dans une logique de transparence, nous continuons à examiner d’autres dossiers en cours », a expliqué Hanard. « Pour des raisons de confidentialité et pour garantir la qualité des conclusions, nous ne pouvons pas partager plus d’informations sur les enquêtes en cours à ce stade. »
Les critères : Dans le cadre de cette enquête interne en cours, Bpost, en collaboration avec des experts externes, examine principalement les contrats qui pourraient être sensibles sur la base de cinq critères. Entre autres : les mêmes personnes que dans les dossiers déjà désignés vont-elles refaire surface ?

Contrat de distribution des journaux
Le dossier le plus important : le tout premier dossier qui a précédé le dernier audit, le désormais tristement célèbre contrat de distribution de journaux. Les révélations sur les employés payés par Bpost au cabinet de la ministre des Entreprises publiques Petra De Sutter (Groen) ont mis cette dernière sous une pression croissante.
Hanard se dit « sur la même longueur d’onde » que De Sutter à ce sujet. Même si, selon les deux, rien d’illégal ne s’est produit, afin d’éliminer toute apparence de conflit d’intérêts, les employés détachés devraient être payés par l’État, et non par Bpost.
Une amende pour la concurrence ? Ce qui intéresse le plus les investisseurs, c’est de savoir si le gendarme de la concurrence ABC infligera une amende à Bpost pour manipulation du marché dans le dossier de la distribution des journaux et, le cas échéant, quel en sera le montant. La réponse de Bpost reste la même qu’au trimestre dernier : une telle amende est « possible, pas probable ».
- Littéralement : « Compte tenu de l’incertitude liée aux enquêtes de l’ABC et au processus d’approbation du gouvernement, Bpost estime que l’exposition à une sortie de trésorerie est possible mais peu probable à ce stade. Toutefois, Bpost ne peut pas fournir d’estimation à ce stade ».
- Selon Bpost, les investisseurs ne doivent pas craindre une exclusion des futurs appels d’offres. « Compte tenu des mesures correctives prises par l’entreprise, il est probable que les pouvoirs adjudicateurs considéreront que Bpost a démontré sa fiabilité et l’autoriseront à participer aux procédures d’appel d’offres en cours et à venir« , assure l’entreprise.
Encore une chose : La présidente Audrey Hanard a confirmé qu’un nouveau PDG n’est pas encore disponible immédiatement, cinq mois après le départ de Dirk Tirez. La recherche devrait se poursuivre pendant des mois. « Avant de lancer la recherche, ce que nous avons fait récemment, nous voulions d’abord trouver un consensus au sein du conseil d’administration – et aussi du comité exécutif – sur le profil exact – compte tenu également des ambitions internationales – que nous allions rechercher. »
(CP)