Boris Johnson est Premier ministre: “Make Britannia Great Again?”

En Grande-Bretagne, le parti conservateur Tory a élu Boris Johnson au poste de Premier ministre. À ce titre, il succède à Theresa May, qui a jeté l’éponge après trois votes consécutifs perdus sur son plan de brexit au Parlement.

Comme pour l’élection de Donald Trump en 2016, la publication in extremis d’un certain nombre d’affaires peu reluisantes dans lesquelles Johnson a joué un rôle de premier plan n’a pas eu d’influence sur son élection. Plus les médias attaquent des candidats anti-système, plus ils semblent gagner le crédit des électeurs.

Trump fut l’un des premiers à féliciter Johnson pour sa victoire. « Ils l’appellent Britain Trump », a déclaré le président. « C’est ce dont ils avaient besoin et ce qu’ils voulaient. Je suis très apprécié là-bas. » Trump a maintenant un allié à Londres qui peut être utile pour atteindre son objectif ultime : affaiblir davantage l’UE.

Boris Johnson
Peter Summers / Getty Images

Johnson a obtenu deux fois plus de voix que son collègue de parti, Jeremy Hunt. Le nouveau Premier ministre a reçu le soutien de 92 000 membres du parti. Un groupe de personnes disproportionnellement âgées, riches et anti-UE et représentant à peine 0,3 % de la population britannique.

Lorsque le parti travailliste a désigné de la même manière Gordon Brown comme successeur du premier ministre Tony Blair, Johnson avait qualifié cela de « scandale et de coup d’Etat dans un palais« . « Brown n’a pas été élu », avait alors déclaré Johnson. « organisons des élections immédiatement. »

Nous saurons bientôt si Boris Johnson organisera des élections sur le champ. Mais s’il ne le fait pas, il aura une série de dossier au menu à partir de mercredi, quoi qu’on en pense.

1. Réaliser le Brexit en 100 jours

Johnson a promis de retirer son pays de l’UE le 31 octobre au plus tard. « Do or die » (‘Faire ou mourir’) sont les mots qu’il a employés pour cela. Donc, Johnson a exactement 100 jours pour parvenir à faire une chose que May n’a pas réussi à faire en 1000 jours. Ajoutez à cela la pause estivale des deux côtés de la Manche et il dispose d’environ la moitié de ces 100 jours. Un « no-deal » serait un désastre pour le Royaume-Uni et l’UE. Johnson dit qu’il apportera un regain de positivisme et une « can do-attitude » (‘une attitude de pouvoir faire’) à la table des négociations. Mais personne n’a entendu parler de son plan et de sa stratégie. L’UE ne semble pas du tout impressionnée.

2. Iran

Au cours du week-end, l’Iran a saisi le pétrolier britannique Stena Impero, qui s’était introduit dans les eaux territoriales iraniennes. Une mise en cause refusée par Londres. La saisie serait une mesure de rétorsion pour une action similaire le 4 juillet à Gibraltar. Les Britanniques avaient alors saisi un pétrolier iranien allégué, parce qu’il faisait route vers la Syrie.

Boris Johnson a peu d’options pour répondre à Téhéran. L’économie iranienne a déjà été sanctionnée et une intervention militaire pourrait déclencher un conflit mondial. Johnson ne devra pas compter sur Donald Trump, car Washington n’est pas pressé de protéger les navires britanniques traversant le détroit d’Ormuz. Au contraire, les Britanniques ont fait appel à leurs alliés européens pour mettre en place une puissance navale européenne. Elle doit permettre un passage en toute sécurité dans le détroit d’Ormuz .

3. L’ alliance américano-britannique

Les soi-disant « special relationship » (‘relations spéciales’) entre le Royaume-Uni et les États-Unis sont sous pression depuis un certain temps. Récemment, l’ambassadeur britannique à Washington a été obligé de démissionner après la fuite de plusieurs messages diplomatiques. L’ambassadeur y décrit la manière dont le gouvernement Trump est discuté à Washington. Après quoi, Trump a annoncé qu’il ignorerait désormais l’ambassadeur. Trump et Johnson sont des provocateurs inconventionnels à succès. Le premier a déjà clairement indiqué au second que Londres ne devrait pas espérer un traitement préférentiel si elle ne maintenait pas la même ligne dure contre l’Iran et le géant chinois des télécommunications Huawei.

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