« L’État belge a levé près de 22 milliards d’euros avec son bon d’État d’un an, un record historique. « Cet argent est désormais immobilisé auprès du gouvernement pendant un an, ce qui signifie qu’il ne peut pas affluer vers le marché immobilier », explique Christophe Lejeune de l’agence immobilière ERA.
« Le bon d’État plonge le marché immobilier en hibernation »

Pourquoi est-ce important ?
L'engouement pour le bon d'État a entraîné de nombreux effets indésirables qui se font immédiatement sentir sur le marché immobilier.L’argument : Christophe Lejeune, responsable chez l’agence immobilière ERA, craint que le marché immobilier belge entre en « mode hibernation » car de nombreux acheteurs potentiels ont investi une partie de leurs économies dans le bon d’État et reportent désormais leurs projets immobiliers de douze mois.
- « Un bon d’État est moins flexible qu’un compte d’épargne : vous ne pouvez pas retirer l’argent que vous avez investi. Le résultat est que de nombreux projets immobiliers sont bloqués pour un an », explique-t-il à Business AM. « Cela concerne à la fois les candidats à l’achat d’une résidence principale et les personnes à la recherche de biens immobiliers à des fins d’investissement. »
- Lejeune souligne que le rendement du bon d’État de 2,8 % est à peu près équivalent au rendement net d’un investissement dans l’immobilier résidentiel. Cependant, souscrire à un bon d’État est administrativement plus simple et le rendement est entièrement garanti. Il est donc logique que ces investisseurs se soient tournés vers le bon d’État, selon son raisonnement. Il semble donc que l’État belge ait temporairement pris une partie du marché de l’investissement.

Locataires forcés
Il y a plus : comme le CEO de Belfius l’a laissé entendre, les banques vont augmenter leurs taux hypothécaires, maintenant que leur source traditionnelle de financement des prêts immobiliers, les comptes d’épargne, a considérablement diminué.
- « Le bon d’État a donc un double impact, entraînant une stagnation du marché immobilier. En raison de la hausse des taux d’intérêt, ce ne sont pas les investisseurs en bons d’État, mais les candidats à l’achat moins solvables qui sont pénalisés. Et cela alors que nous constatons déjà une diminution de la capacité financière dans cette catégorie de patrimoine. »
- Le phénomène des « locataires forcés », c’est-à-dire les candidats à l’achat contraints de louer en raison du manque d’argent, ne fera que gagner en force, prédit-il. « Le marché locatif est déjà en plein essor en ce moment », déclare Lejeune, soulignant également l’incertitude persistante dans la construction neuve, en raison de l’incertitude entourant le taux de TVA favorable de 6 % pour la démolition et la reconstruction.
(SR)