BlackRock, c’est le géant américain de la gestion des fonds d’investissement qui jongle avec 9.000 milliards de dollars, soit trois fois le PIB d’un pays comme la France. C’est donc un poids lourd de l’investissement, dont le refus ou l’approbation du soutien à une entreprise peut faire la pluie et le beau temps. Or, les choix de BlackRock dans ce domaine ont plus d’une fois suscité des polémiques.
Le contexte : un gestionnaire qu’on traite de tous les noms, à gauche comme à droite. BlackRock, le gestionnaire de fonds d’investissement dirigé par Larry Fink, influence tellement le monde du financement qu’il a déjà été accusé de tous les maux des États-Unis, et ce par un peu tout le monde.
Un fonds « woke » qui fait du « green washing »
- Pour les républicains américains, le gestionnaire néglige les meilleurs rendements, toujours à se soucier des valeurs sociales ou environnementales, jusqu’à le qualifier de « woke » – la nouvelle insulte consacrée à droite.
- Pour le camp démocrate bien sûr c’est tout l’inverse, et BlackRock représente l’exemple même du grand fonds capitaliste qui ne se soucie que d’un minimum de green washing pour continuer à jongler avec les milliards sans qu’on l’embête.
- Face à ces accusations, Larry Fink a décidé de frapper un grand coup : il vire vers la démocratie directe. On ne parlera bien sûr pas d’anarchisme de la finance, mais le choc est réel. Car les investisseurs auront maintenant droit directement à la parole sur l’orientation que prendra l’argent.
Les investisseurs particuliers pourront dorénavant voter sur les orientations majeures du fonds dans les sociétés dans lesquelles il est investi. La démocratie directe au sein du capitalisme.
Aux urnes, les investisseurs !
- BlackRock a annoncé l’extension de son programme Voting Choice à son plus grand ETF (une collection de fonds négociés en bourse), l’iShares Core S&P 500 ETF (IVV), dont les actifs sous gestion s’élèvent à 305 milliards de dollars. Sous réserve toutefois que ce projet soit approuvé par le conseil d’administration d’iShares, précise Business Wire.
- Cela fait deux ans que BlackRock promeut une responsabilité des investisseurs en leur donnant l’option de voter sur ce à quoi servira leur argent. Un système que l’entreprise veut étendre à une part croissante des fonds qu’elle gère.
- Les investisseurs pourront donc choisir entre une politique de vote tournée vers les profits, ou au contraire plus respectueuse d’enjeux moraux et/ou climatiques, au travers de sept itinéraires proposés pour l’argent à investir. Si iShares approuve le projet, ce système devrait être mis en place pour la saison de vote par procuration de 2024. Il s’agira aussi d’un test pour mesurer l’intérêt des investisseurs dans ce genre de système responsabilisant.
« BlackRock s’engage pour un avenir où chaque investisseur pourra choisir de participer au processus de vote des actionnaires. Si de nombreux propriétaires d’actifs choisissent de s’appuyer sur l’équipe Investment Stewardship de BlackRock pour engager et exécuter le vote en leur nom, conformément à notre obligation fiduciaire en tant que gestionnaire d’investissement, d’autres souhaitent avoir la possibilité de participer plus directement au vote par procuration. Dans cette optique, nous sommes heureux de travailler à l’extension du BlackRock Voting Choice à notre plus grand ETF, et nous sommes impatients de tirer des enseignements de ce projet pilote à partir de 2024. »
Joud Abdel Majeid, responsable mondial de BlackRock Investment Stewardship