Biden veut à tout prix réduire la facture de carburant des Américains et puise une troisième fois dans les réserves stratégiques de pétrole

La Maison Blanche indique vouloir puiser dans les réserves stratégiques de pétrole, à hauteur de 180 millions de barils – du jamais vu. Le but est de faire baisser les prix des carburants, et de quelque peu faire pression sur les pays l’OPEP, pour les inciter à augmenter la production.

Il s’agirait d’une quantité historique : dans toute l’histoire des réserves stratégiques, jamais une administration n’avait relâché 180 millions de barils, rapporte Reuters. Le puisement dans les réserves s’étalera sur plusieurs mois.

Il s’agit d’une mesure pour faire baisser les prix des carburants, mais aussi du troisième puisement dans les réserves en l’espace de six mois, et les deux premiers n’ont pas eu d’effet significatif sur les prix. Cette fois, Biden puise donc encore plus. La réserve comprend actuellement un peu moins de 570 millions de barils, et est au plus bas depuis 2002. En 2021, les États-Unis consommaient un peu moins de 20 millions de barils par jour, mais ils sont eux-mêmes un grand producteur de pétrole, et en importent également.

Pression sur l’OPEP?

Les pays exportateurs de pétrole décident combien de pétrole est mis sur le marché. Avec la pandémie, ils ont drastiquement réduit la voilure, et depuis la fin des premiers confinements, ils augmentent la production à nouveau, à raison de 400.000 barils par jour, tous les mois.

Les États-Unis ne font pas partie de l’OPEP, ni de l’OPEP+, et estiment que l’augmentation de la production ne suit pas assez rapidement la demande, ce qui fait augmenter les prix, qu’il y ait la guerre en Ukraine ou non.

L’OPEP se réunit ce jeudi, pour décider si en avril elle ajoutera 400.000 barils par jour à la production, ou plus encore. La décision des États-Unis de puiser dans leurs réserves stratégiques est ainsi un message pour l’OPEP, pour montrer à l’organisation qu’elle n’en fait pas assez et que les États-Unis sont contraints de consommer leurs propres réserves, en somme.

Baisse des cours du pétrole

À l’annonce de cette nouvelle par des sources de la Maison Blanche, qui doit encore être détaillée officiellement ce jeudi, les cours du pétrole ont immédiatement baissé de près de 5,50 dollars pour le Brent (107,98 dollars) et de 6,50 dollars pour le WTI (101,39 dollars).

Lors de sa visite en Europe la semaine dernière, la ministre de l’Énergie Jennifer Granholm avait indiqué que des discussions étaient en cours avec les pays alliés au sein de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), pour des puisements coordonnés dans les réserves – on peut dès lors s’attendre à des puisements éventuels de la part des pays européens. Mais la question est délicate, car les pays ont moins de marge de manoeuvre. Début mars, les pays avaient décidé de libérer 60 millions de barils, à échelle mondiale (dont 30 millions aux États-Unis).

Ce jeudi, le président Biden donnera des détails sur d’autres mesures pour « réduire l’impact de la hausse des prix de Poutine sur les prix de l’énergie et faire baisser les prix de l’essence à la pompe pour les familles américaines ». Une décision sur la quantité d’éthanol ajoutée à l’essence est notamment attendue. Avec des quantités d’éthanol plus élevées, le coût de l’essence devrait baisser.

Plus