Ce qui était dans l’air depuis des semaines est retombé sur terre lundi : la ministre de la Défense Ludivine Dedonder (PS) s’est rendue à l’aéroport du Bourget, où se déroule cette semaine le plus grand salon aéronautique du monde, pour annoncer que la Belgique deviendrait observatrice dans le programme de développement du FCAS.
La Belgique devient observatrice dans le programme FCAS, mais il y a encore beaucoup d’interférences sur la ligne

Pourquoi est-ce important ?
Le FCAS, abréviation de Future Combat Air System, est un ensemble de mesures comprenant le développement d'un nouvel avion de combat, de drones, de satellites et de systèmes de communication. Le projet est développé par la France, l'Allemagne et l'Espagne, avec les majors de la défense Dassault et Airbus comme lead developers. Outre le FCAS, les Britanniques, les Italiens et les Japonais travaillent également avec le GCAP sur leur propre projet, principalement axé sur un nouvel avion de combat. Les États-Unis travaillent également sur un chasseur de sixième génération, dans le cadre du programme Next Generation Air Dominance.Dans l’actu : C’est le président français Emmanuel Macron qui a annoncé l’entrée de la Belgique dans le développement du programme franco-germano-espagnol FCAS.
- Vendredi, le Conseil des ministres a déjà trouvé un compromis à ce sujet, mais l’annonce officielle n’a été faite que lundi. Notons que le président français Emmanuel Macron a pris une longueur d’avance sur la ministre Dedonder : le président a lui-même rapidement annoncé la participation de la Belgique au FCAS, en complément de l’alliance franco-germano-espagnole qui pilote le projet. En ouvrant les journaux internationaux, on constate rapidement que les paroles d’un président français priment sur celles d’une ministre belge.
- Concrètement, on examine maintenant comment le programme FCAS est exactement structuré et comment l’industrie belge peut contribuer au développement et à la construction des différents systèmes. L’industrie belge est évidemment très intéressée de participer. Politiquement, c’est également presque considéré comme une obligation, car lors de l’achat du F-35, aucun retour économique n’a été exigé, ce qui a rapidement été perçu comme une erreur.
- Pourtant, l’entrée dans le FCAS soulève de nombreuses interrogations : peu de débats parlementaires ont précédé la décision, bien que le dossier soit sur la table depuis un certain temps. Un groupe de travail de l’Institut royal supérieur de Défense a été chargé d’étudier le projet FCAS, ainsi que le programme GCAP dirigé par les Britanniques. Le rapport final du groupe de travail n’a pas été rendu public, mais le groupe aurait jugé que le FCAS offrait plus d’opportunités à l’industrie. Ce faisant, il n’a pas non plus précisé si la configuration belge était correcte : l’industrie contribuera-t-elle uniquement au développement ou la composante aérienne devra-t-elle tôt ou tard acheter les systèmes FCAS ?
Également à noter : la Belgique indique que le rôle d’observateur est une première étape, mais les étapes suivantes semblent être très éloignées.
- La France, en particulier, s’oppose à une plus grande participation de la Belgique, qui impliquerait réellement l’industrie elle-même. Ces dernières semaines, certains chefs d’entreprises ont donné des interviews contenant un message sans équivoque : « Je ne vois pas pourquoi je devrais donner du travail aux Belges. Pourquoi devrais-je faire de la place dans mon usine et dans mon bureau d’études pour des gens qui ont choisi le F-35 ? » a déclaré Eric Trappier, CEO de la société française Dassault, à la fin du mois de mai.
- Et Guillaume Faury, CEO d’Airbus, referme également un peu la porte à une participation belge : « L’entrée de l’Espagne dans le FCAS a compliqué la répartition des travaux. Nous devons maintenant réaliser la phase 1B, nous ne devons pas y toucher », a déclaré le PDG lors du Paris Air Forum, dimanche dernier.
- Mais c’était avant que le président Macron n’annonce officiellement que la Belgique deviendrait un observateur. Cependant, même le président n’est pas enclin à changer ce statut de sitôt. « La complexité de cette phase ne se prête pas à une participation directe de la Belgique », peut-on lire dans un communiqué de l’Élysée. Et c’est Eric Trappier qui a donné le coup de grâce lundi soir, dans une interview à BFM TV, depuis le salon du Bourget : « Je me réjouis de la participation de la Belgique en tant qu’observateur. Cela peut leur donner l’idée d’acheter un jour des avions non américains. Ce statut d’observateur me convient parfaitement », a-t-il dit en ricanant à l’égard de notre pays.
(SR)