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Le « bazooka du gaz » de Poutine: le graphique qui effraie l’Europe de l’hiver à venir

Le « bazooka du gaz » de Poutine: le graphique qui effraie l’Europe de l’hiver à venir
(Foto: Getty Images)

Le prix du gaz n’a jamais été aussi élevé. C’est une situation exceptionnelle pour les mois d’été et une conséquence des relations totalement dégradées avec les Russes. Cela se traduira également par des prix sans précédent en hiver, lorsque la consommation atteindra son maximum. L’Europe se hâte de trouver des sources et des stocks alternatifs, mais c’est plus facile à dire qu’à faire.

Plus de gaz en provenance de Russie

La déclaration des dirigeants européens après le sommet de l’UE à Versailles en mars 2022 n’a pas laissé de place à l’imagination. La dépendance à l’égard des combustibles fossiles russes doit être réduite à zéro d’ici 2027, mais par étapes. Et c’est nécessaire. L’Europe dépend à 97 % des importations de pétrole et à 83 % de celles de gaz. La Russie était notre principale source d’approvisionnement jusqu’à la guerre en Ukraine. En 2020, 29% du pétrole, 43% du gaz naturel et même 54 % du charbon provenaient de Russie.

Il est frappant de constater qu’au fil des ans, même lorsque les Russes ont envahi l’Ukraine pour la première fois, nous avons accru notre dépendance à l’égard de la Russie.

Malgré la guerre en Crimée, notre dépendance à l’égard du gaz russe a considérablement augmenté. (Source: International Energy Agency Gas Report Q3 2022)

Le prix du gaz explose

Cela en dit long sur le défi que nous devons relever. À plus long terme, nous avons peut-être une chance de concrétiser cette vision, mais nous devrons d’abord traverser une vallée profonde. Les prix du marché n’ont pas attendu cela et ont explosé entre-temps. Ils sont à des niveaux que nous n’avons jamais vus auparavant.

L’évolution du prix du gaz en € /Mwh de 2012 à 2022 (Source : Trading Economics)

Si nous zoomons, nous remarquons un autre phénomène. Dans des circonstances normales, les prix augmentent légèrement en hiver par rapport à l’été, ce qui correspond à la consommation plus élevée en hiver. Cependant, depuis la guerre en Ukraine et le Covid, le marché a été perturbé. Un modèle reste cependant visible. Les prix en hiver sont toujours un peu plus élevés. Si l’on regarde le prix aujourd’hui, en plein été, cela ne présage rien de bon pour l’hiver à venir.

Un phénomène temporaire explique en partie cette flambée des prix : les travaux de maintenance qui ont lieu du 11 au 21 juillet sur le plus grand gazoduc, Nord Stream. Si les Russes ne rouvraient pas cet oléoduc, ce serait un désastre complet.

Les pics estivaux et hivernaux du gaz naturel de 2016 à 2022 (Source : Business AM)

L’impact sur l’industrie européenne

Tout cela est dramatique pour les industries européennes qui sont très gourmandes en énergie. Au cours des derniers mois, la demande de gaz de l’industrie a déjà chuté de 20% et même de 49% au Royaume-Uni. Sans précédent, selon Bloomberg. Mais cela signifie très concrètement qu’il y a de fortes chances que des usines ferment. Ce qui, à son tour, entraînera une baisse de la production et de l’offre, ce qui rendra tout plus cher et provoquera une inflation supplémentaire. Les entreprises chimiques, les producteurs de matières plastiques et les producteurs d’engrais sont particulièrement visés en raison de leur utilisation intensive d’énergie.

La lutte pour passer l’hiver

Tout sera mis à contribution : prolonger la durée de vie des centrales nucléaires, explorer de nouveaux gisements de gaz en mer du Nord, extraire davantage de charbon – car là aussi, les dirigeants européens ont imposé un embargo à partir d’août 2022 -, trouver de nouveaux fournisseurs et accélérer les investissements dans les énergies vertes.

Un changement de comportement est également attendu de la part des citoyens européens. Les dimanches sans voiture sont repensés. Mais aussi de porter des pulls chauds et de baisser le chauffage.

Toutefois, il y a de fortes chances que le prix du gaz atteigne un nouveau record l’hiver prochain. Les investissements dans les nouvelles sources d’énergie ne se font pas d’un coup de baguette magique. Elles nécessitent une vision à long terme et des investissements importants, qui ne sont pas prêts d’arriver.

Après deux hivers Covid très difficiles, nous sommes maintenant confrontés à un hiver énergétique dramatique. Si vous avez les moyens, il est certainement judicieux d’investir dans toutes les technologies qui vous rendent moins dépendants des caprices du marché, comme les pompes à chaleur et les panneaux solaires.


Xavier Verellen est un auteur et un entrepreneur. Il est propriétaire de la société de conseil PaloAlto33 (www.paloalto33.be) et de la scale up QelviQ (www.qelviq.com).

(CP)

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