La Banque Nationale risque, « sur la base des attentes actuelles du marché », de se retrouver avec une perte cumulée de 9 milliards d’euros jusqu’en 2027. Ceci est conforme à ses propres prévisions.
La Banque Nationale se dirige vers une perte monstre : 9 milliards d’euros jusqu’en 2027

Pourquoi est-ce important ?
La Banque Nationale risque de perdre tous ses amortisseurs financiers dans les années à venir. Cela porterait atteinte à sa réputation de gardienne du système financier, même si une banque centrale ne peut jamais faire faillite. Si les dividendes se tarissent, cela deviendra également un problème pour le budget fédéral.Dans l’actu : la Banque Nationale estime que sa perte pour l’exercice en cours se situera entre 600 et 800 millions d’euros. La BNB en fait état dans un communiqué de presse diffusé après les heures de travail. Mais les prévisions pour les années à venir sont particulièrement frappantes :
- « Sur la base des attentes actuelles du marché », la Banque Nationale continuera à enregistrer des pertes jusqu’à l’exercice 2027 inclus.
- Et encore : « Si un tel scénario venait à se concrétiser, ce qui, encore une fois, est entouré d’une grande incertitude, à composition du bilan inchangée, cela entraînerait des pertes totales d’un montant de l’ordre de 9 milliards d’euros sur cette période ».
La cause : la possible perte monstre est liée aux récentes hausses des taux d’intérêt de la Banque centrale européenne, institution à laquelle appartient d’ailleurs la BNB :
- Comme la BCE augmente les taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation, la Banque Nationale doit payer beaucoup plus d’intérêts aux banques commerciales qui placent leur argent chez elle.
- Une hausse de 25 points de base des taux d’intérêt directeurs de la BCE augmente les coûts de la BNB d’environ 310 millions d’euros sur une base annuelle.
Quid des réserves ? Ces dernières années, la Banque Nationale a constitué des tampons pour faire face aux pertes dues à la hausse des taux d’intérêt. Elles s’élèvent à 7,08 milliards d’euros.
- « Ces réserves devront être utilisées pour la première fois à la fin de cet exercice », indique la BNB.
- Si les pertes accumulées devaient atteindre 9 milliards d’euros, les réserves seraient insuffisantes. Quoi alors ? « Si les amortisseurs financiers de la Banque nationale venaient à s’épuiser au cours des années à venir, cela ne poserait pas de problème pour sa stabilité. En effet, une banque centrale peut fonctionner, à tout le moins temporairement, en ayant une position de capital négative », écrit la BNB.
Cratère de dividendes ? Juridiquement, la Banque Nationale est une curiosité, car l’institution appartient pour moitié à l’État et pour l’autre moitié au grand public par le biais de la bourse. Avec des pertes monstres, tant le gouvernement fédéral que les investisseurs risquent de devoir se contenter de dividendes fortement réduits – voire nuls – dans les années à venir.
Les implications politiques : Le dividende de la BNB rapportera bientôt entre 200 et 350 millions d’euros au budget chaque année. Mais selon Sander Loones, l’expert budgétaire de la N-VA, dans l’opposition, il est irresponsable, dans les circonstances actuelles, que le gouvernement continue à faire sortir de l’argent de la Banque Nationale.
« Pour renforcer la position du capital de la BNB, le dividende devrait être fixé à zéro avant 2023. Donc ce capital reste dans la banque. Ceux qui ne réalisent pas aujourd’hui que des réformes urgentes sont nécessaires jouent avec notre richesse », a-t-il déclaré sur Twitter.
(JM)