Banque d’Angleterre: « Certains fonds de pension étaient au bord de l’effondrement peu avant notre intervention »

La Banque d’Angleterre a lancé à la hâte un nouveau programme de rachat la semaine dernière pour éviter un effondrement du secteur national des pensions. L’institution monétaire confirme à présent qu’elle a pu éviter une catastrophe à temps. « Ce n’était qu’une question de quelques heures avant que certains fonds ne s’effondrent », peut-on lire dans une lettre adressée à certains responsables politiques britanniques.

Lorsque le gouvernement britannique a annoncé son paquet de mesures de soutien le 23 septembre, il ne s’attendait probablement pas à de tels effets. Les Britanniques, les investisseurs et divers organismes, dont le Fonds monétaire international (FMI), n’ont pas caché leur mécontentement face aux plans annoncés. La baisse de la tranche la plus élevée de l’impôt sur le revenu a particulièrement fait polémique.

Par la suite, la Première ministre britannique Liz Truss a tourné casaque. Son ministre des Finances, Kwasi Kwarteng, a annoncé lors d’une conférence du parti en début de semaine que l’abolition du taux d’imposition à 45% ne se ferait finalement pas. « Nous vous avons écouté », a-t-il dit.

Hausse des taux d’intérêt à long terme

Cela dit, la décision initiale a fait beaucoup de dégâts. Les investisseurs méfiants ont vendu des obligations en masse dans les premiers jours qui ont suivi l’annonce des mesures, ce qui a entraîné une forte hausse des taux d’intérêt à long terme. Cette vague de vente a causé des problèmes au secteur des pensions.

La situation était si pressante que la Banque d’Angleterre – qui avait déjà relevé ses taux d’intérêt à plusieurs reprises – a dû intervenir. Elle a annoncé un programme de rachat de 65 milliards de livres la semaine dernière. Cette stratégie controversée, dans un contexte de turbulences prolongées sur les marchés, a suscité l’inquiétude des économistes. Ceux-ci ont prévenu que ces mesures allaient alimenter davantage l’inflation.

Intervention nécessaire

La banque centrale britannique vient de confirmer, dans une lettre adressée à certains responsables politiques, qu’une telle intervention était nécessaire. « Ce n’était qu’une question de quelques heures avant que certains fonds ne s’effondrent », a déclaré le régulateur. « Le soir du 27 septembre, nous avons reçu de sérieux avertissements de la part des fonds de pension. Les taux d’intérêt sur les obligations d’État à 30 ans avaient augmenté de 67 points depuis ce matin-là. »

« Certains fonds de pension nous ont informés que la valeur nette d’inventaire deviendrait négative dans cette situation », peut-on lire dans la lettre. « En conséquence, ces fonds auraient probablement dû commencer le processus de liquidation le lendemain matin ». Le 28 septembre, après que la Banque d’Angleterre est venue au secours, les taux d’intérêt sur les obligations d’État britanniques à 30 ans ont baissé de 100 points de base.

(OD)

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