Un laboratoire franco-autrichien est en phase trois des essais cliniques de son vaccin contre le Covid-19. L’UE vient de lui en commander 60 millions de doses. Mais à quoi peut servir un nouveau vaccin, lorsque la majorité des personnes est déjà vaccinée ?
Les pays européens ont longtemps été critiqués pour leur manque de vaccins « maisons ». Une opportunité manquée pour la science, l’industrie pharma, et la diplomatie européennes. Le lancement d’un vaccin allemand, développé par CureVac, a été arrêté après sa phase test. Même s’il y a du belge dans Johnson & Johnson, de l’allemand dans BioNTech et du suédois dans Astra Zeneca, l’Europe semblait avoir raté la course, créant une forte dépendance aux pays qui en développent massivement, notamment les Etats-Unis.
Un vaccin français, de l’entreprise franco-autrichienne Valneva, est désormais en passe de devenir une arme de plus contre le Covid. L’Union européenne a déjà commandé 60 millions de doses, pour avril 2022, si l’Agence européenne des médicaments (EMA) donne son homologation. « On a eu de très bons résultats de phase 3 […], on doit tourner autour de 90% d’efficacité » s’est exprimé sur le plateau de BFM Business le directeur général de Valneva, Franck Grimaud. « Nos résultats de tolérance sont excellents, similaires à tout vaccin [à virus] inactivé. »
Après les tests, qui seront bientôt terminés, le vaccin doit ensuite obtenir les autorisations nécessaires, ce qui devrait se faire dans les mois à venir, estime le directeur.
Rappels annuels?
Presqu’un an après la première injection de Pfizer, un nouveau vaccin ne vient-il pas rejoindre le jeu lorsque la partie est déjà terminée? Le directeur estime que non. Des discussions, dans les différents pays, sont en cours pour généraliser les doses de rappel, notamment face à la nouvelle vague de contaminations qui touche l’Europe.
C’est là que le vaccin Valneva pourrait intervenir : comme troisième, voire quatrième, cinquième, nième dose (si les vagues se succèdent tous les automnes), même auprès des personnes qui ont reçu des doses d’autres vaccins. Ou encore pour les enfants. C’est en tout cas ce que Valneva a demandé comme autorisation à l’EMA.
Un vaccin européen
De la conception jusque dans la fiole, le vaccin fait un véritable tour du Vient Continent. Recherche effectuée en France (où se trouvent aussi les équipes commerciales du laboratoire), production, par des sous-traitants européens, en Ecosse, et finalement « mise en bouteille » et finition en Suède, avant un contrôle de qualité en Autriche.
ARN et virus inactivé
- Le vaccin de Valneva est un vaccin à la technologie appelée « à virus inactivé ». Cette technologie est utilisée pour de nombreux vaccins (contre la polio ou la grippe, notamment). Un virus isolé et inactivé est injecté dans le corps, pour le faire réagir. L’organisme apprend ainsi à reconnaître le virus. Une fois le virus reconnu, le corps va ensuite constituer ses défenses, et augmenter ses anticorps. Pour ainsi dire réagir à la menace de ce virus, qui n’en est pas une vu qu’il est inactivé. Mais si le vrai virus venait alors à pénétrer dans notre corps, ce dernier serait déjà en état d’alerte et prêt à se défendre.
- Les vaccins de Moderna et Pfizer fonctionnent à la technologie ARN messager. Il s’agit d’une nouvelle technologie. Le fonctionnement, en vulgarisant fortement, est comme tel : on donne à notre système immunitaire les « plans » du virus. Nos cellules reçoivent ainsi des instructions génétiques (via le séquençage du virus qui donne son code génétique) , et vont produire des protéines, les mêmes que celles du virus en question. Le système immunitaire va alors produire des anticorps, également. Cette nouvelle technologie offre des pistes intéressantes pour la science, notamment pour développer des vaccins contre d’autres virus.