Avec 361.000 euros de salaire, le patron de la RTBF se savait dans l’illégalité

Dès 2017, le big boss de la chaîne publique avait été averti par les avocats: sa rémunération réelle dépassait le plafond légal fixé à 245.000 euros brut par le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Mais aucune mesure n’a été prise jusqu’à ce que le scandale éclate dans la presse.

« Il savait, mais n’a rien fait pour corriger le tir… L’administrateur général de la RTBF, Jean-Paul Philippot, a reçu une note strictement confidentielle d’un cabinet d’avocats en juillet 2017 constatant que son salaire dépassait le plafond autorisé de 245.000 euros brut », révèle le journaliste David Leloup dans le Vif.

L’application de la limite légale revient à supprimer le bonus variable, concluait le mémorandum du cabinet d’avocats en droit social Younity envoyé à la directrice générale des ressources humaines et transmise le jour même au principal intéressé. Car avec ledit bonus, le vrai montant s’élevait à 361.155,95 euros brut, abstraction faite des frais et avantages de toute nature.

Silence radio

Des responsables à la tête de la RTBF connaissaient la teneur de cette note juridique, comme le dévoile l’enquête du Vif. Rien n’a pourtant été fait pour régulariser le salaire de l’administrateur général jusqu’à ce que le scandale éclate fin 2019, suite à des fuites dans la presse. Jean-Paul Philippot avait alors été contraint de rembourser 60.000 euros et de renoncer à un bonus de 40.000 euros.

Le silence radio de juillet 2017 à décembre 2019 et la statu quo qu’il a induit ont néanmoins eu des conséquences « qui ressemblent furieusement à des faux en écritures », épingle le journaliste d’investigation. En effet, les rapports annuels de la RTBF n’ont pas pu stipuler le montant réel du salaire de l’administrateur général.

Même la déclaration de mandats 2018 de Jean-Paul Philippot à la Cour des comptes renseigne un salaire de 330.000 euros largement inférieur au montant réellement touché de 374.638 euros, met en exergue le Vif.

Sans suite ?

Autre révélation, le parquet de Bruxelles avait ouvert en 2020 une information judiciaire pour « détournement » et « abus de confiance » à propos des circonstances dans lesquelles le salaire de l’administrateur général de la RTBF avait été fixé. Mais cette enquête préliminaire a été classée par le parquet en mars dernier, sans même que Jean-Paul Philippot ait été auditionné.

Comble de cette histoire, le conseil d’administration de la chaîne publique devrait licencier pour faute grave la « lanceuse d’alerte » qui avait signalé en interne les omissions salariales. La RTBF la suspectant d’être à l’origine de fuites dans la presse fin 2019, par lesquelles le scandale a éclaté.

Lire aussi: 460.000 euros par an: le gouverneur belge est mieux payé que la présidente de la BCE

Plus