Au Japon, l’IA va jouer les Cupidon (faute de mieux)

Le Japon possède le taux de natalité le plus faible au monde. Le vieillissement de la population est un enjeu majeur de la politique du pays depuis des années. Il n’y aura bientôt plus assez de jeunes pour venir en aide aux personnes âgées. Pour relancer la natalité, le gouvernement a donc décidé de se tourner vers les intelligences artificielles.

Dès 2021, le gouvernement japonais compte investir 2 milliards de yens (près de 16 millions d’euros) dans des projets d’intelligence artificielle ayant pour but d’aider les Japonais à trouver leur âme sœur.

Certaines municipalités japonaises ont déjà lancé des programmes de rencontres amoureuses. Mais l’IA utilisée propose des couplages sur des critères très restreints comme l’âge ou les revenus. Le gouvernement japonais voudrait que des critères plus subjectifs soient aussi pris en compte pour en augmenter l’efficacité. On peut penser notamment aux centres d’intérêt, les hobbies ou les valeurs.

‘Nous envisageons notamment d’offrir des subventions aux collectivités locales qui mettent en place ou lancent des projets de rencontres amoureuses utilisant l’IA’, a indiqué un proche du gouvernement à l’AFP.

L’objectif final est que ces nouveaux couples aient de nombreux enfants afin de booster le taux de natalité. Et le temps presse. En 2017, le Japon comptait 128 millions d’habitants. Si rien ne change et que le taux de natalité ne se relève pas – il est actuellement de 1,36 enfant par femme —, le pays ne comptera plus que 53 millions de citoyens.

Le problème est ailleurs

De nombreux facteurs causent la baisse de la natalité, et malheureusement, ils se cumulent. Seule une petite frange de la population peut se permettre d’avoir des enfants.

Tout d’abord, il y a le nombre impressionnant de célibataires au Japon. En 2015, près de la moitié des hommes étaient célibataire. Le taux de femmes seules atteignait 34,6%. Un certain nombre d’entre eux ne trouvent tout simplement pas chaussure à leur pied. Même si l’envie de fonder une famille est bien présente, rencontrer une compagne ou un compagnon reste compliqué à cause d’un manque de moyens financiers, de temps ou de confiance en soi.

Toutefois, certains célibataires ont bien trouvé l’amour, mais ils ne préfèrent pas se mettre officiellement en couple. La tradition du mariage est encore bien présente dans le pays, mais se marier coûte très cher. Faute de moyens suffisants, certains préfèrent donc ne pas se lancer dans la vie à deux. Et faire des enfants hors mariage est très mal vu par la société. Il est donc assez rare que cela arrive.

Outre le mariage, avoir des enfants est un sacré budget. Les femmes, par tradition, arrêtent généralement de travailler pour élever leur progéniture dès la naissance du premier enfant. Les revenus du couple chutent alors drastiquement. Les couples se limitent donc généralement à un ou deux enfants. Ce qui n’aide pas au renouvellement de la population.

Si le gouvernement a bien raison d’aider les Japonais à trouver l’amour, il faut aussi supprimer certains freins à la natalité. Il existe déjà des incitants financiers au mariage et à la naissance. Mais ceux-ci ne semblent pas faire d’effet.

Le Japon devra peut-être s’inspirer d’autres pays. En Allemagne, c’est l’immigration qui a permis de booster la natalité qui était en 2017 à son plus haut niveau en 20 ans. L’Iran a pris une décision beaucoup plus drastique: l’accès aux contraceptions est aujourd’hui fortement limité. Mais cette réglementation est très contestée et signe un retour en arrière dans le droit des femmes à disposer de leur corps et à choisir si elles veulent ou non avoir des enfants et à quel moment.

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