Guerre des puces : le plan américain de blocus technologique envers la Chine prend forme, avec l’aide néerlandaise d’ASML

Ces derniers mois, nos voisins du nord ont durci le ton avec la Chine et fait volte-face sur l’exportation de matériel nécessaire à la production de puces électroniques. Un mouvement qui se poursuit avec un véritable embargo sur les machines à lithographie les plus performantes de la firme ASML. L’oncle Sam se frotte les mains.

Pourquoi est-ce important ?

La grande pénurie de puces électroniques de 2021 a démontré à quel point ces petites briques fondamentales de l'informatique étaient devenues une ressource stratégique. Par extension, c'est aussi le cas de la technologie nécessaire pour fabriquer les puces les plus puissantes, et ces machines sont le monopole bien gardé de quelques acteurs disséminés à travers le monde. Mais la guerre commerciale et technologique fait rage pour s'emparer de cet avantage.

Dans l’actualité : dans leur bras de fer commercial et technologique avec la Chine, les USA ont fortement régulé l’exportation de microprocesseurs vers leur rival. Et ils peuvent compter pour ça sur un allié de poids : les Pays-Bas. Nos voisins bataves abritent en effet ASML, le leader mondial dans l’assemblage de machines capables d’assembler les meilleures puces.

  • Le gouvernement néerlandais et ASML vont restreindre davantage les ventes d’équipements à la Chine à partir de cet été, rapporte Reuters.
  • Amsterdam annoncera ce vendredi une nouvelle réglementation prévoyant l’obligation d’obtenir une licence pour le premier niveau de la deuxième meilleure gamme de produits d’ASML, les équipements pour semi-conducteurs à ultraviolets profonds (DUV). Les machines les plus sophistiquées d’ASML, les machines de lithographie à ultraviolet extrême (EUV), font déjà l’objet de restrictions et n’ont jamais été expédiées en Chine.

Le blocus se resserre

L’oncle Sam se frotte les mains : il voit l’alliance pour restreindre le développement technologique de la Chine s’élargir.

  • En octobre, les États-Unis ont imposé des restrictions à l’exportation d’outils de fabrication de puces américains vers la Chine par des entreprises américaines telles que Lam Research et Applied Materials.
  • Il s’agit tant de protéger des technologies nationales stratégiques qui pourraient être copiées que de freiner le développement chinois, en particulier dans le champ des armes de haute technologie, comme les missiles supersoniques.
  • Washington pouvait déjà compter sur Tokyo, qui a adopté des règles visant à restreindre les exportations de 23 types d’équipements de fabrication de semi-conducteurs, qui entreront en vigueur le 23 juillet. Le Japon abrite en effet d’autres poids lourds de la haute technologie, comme Nikon et Tokyo Electron.
  • Les USA vont plus loin encore : ils sont en train de valider une réglementation qui permettra d’interdire d’accès à six installations chinoises bien identifiées à des machines d’un pays tiers qui comprendraient au moins quelques parcelles de technologie américaine. Or c’est le cas de modèles plus anciens d’ASML, comme le TWINSCAN NXT:1980Di. Washington veut véritablement instaurer un blocus sur la lithographie à destination de la Chine. Forcément, à Pékin, ça passe mal.

Les États-Unis ont délibérément bloqué et entravé les entreprises chinoises, délocalisé de force des industries et poussé au découplage. La Chine suivra de près l’évolution de la situation et sauvegardera fermement ses propres intérêts. »

Liu Pengyu, porte-parole de l’ambassade de Chine à Washington, cité par CNBC
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