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L’Asie, porte de secours du pétrole russe, vraiment ? Les exportations sont à nouveau en baisse, et cela aura un impact sur le marché mondial

L’Asie, porte de secours du pétrole russe, vraiment ? Les exportations sont à nouveau en baisse, et cela aura un impact sur le marché mondial
crédit: Getty Images

Ces dernières semaines, l’idée que l’Asie pourrait remplacer l’Europe comme lieu d’écoulement du pétrole russe avait fait son chemin sur le marché de l’or noir et avait ramené le prix du baril sous les 100 dollars. Mais de nouveaux chiffres viennent doucher cette idée : les importations de pétrole russe ont baissé en Inde et en Chine.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’Inde et la Chine ont considérablement augmenté leurs importations de pétrole russe, en raison du boycott de l’Occident qui a fait baisser les prix pour les autres preneurs. L’Inde est passée de presque rien à un million de barils par jour, alors que la Chine a quasi doublé ses importations. L’Asie (où, à côté de ces deux pays, les importations ont fortement diminué) représente plus de la moitié des exportations du pétrole russe depuis l’invasion (avec un pic de 63% en avril).

Mais il semble désormais qu’un pic ait bel et bien été atteint. Pour la semaine finissant le 15 juillet, les importations de pétrole russe en Asie sont en baisse de 30% par rapport à avril, calcule Bloomberg. La baisse est particulièrement forte ces quatre dernières semaines (-467.000 barils par jour depuis mi-juin), à tel point que la moyenne mobile sur quatre semaines est la plus basse depuis plus de quatre mois. La moyenne pour la Chine, lors des quatre semaines passées, est de 784,000 barils par jour, et la moyenne pour l’Inde est de 679,000. En tout, pour la semaine du 15 juillet, la Russie a exporté 3,24 millions de barils par jour.

Le trésor de guerre russe ne sera pas asséché par cette baisse : la Russie gagne toujours plus de 160 millions de dollars par semaine avec ces exportations, soit 25% de plus qu’avant la guerre, mais 25% en moins que durant les pics en avril.

Reste à voir comment les importations évolueront dans les semaines et les mois à venir, mais pour Bloomberg, ces chiffres viennent doucher l’espoir de la Russie que l’Asie puisse remplacer l’Europe comme destination du pétrole russe, une fois que le vieux continent aura entièrement mis en place son embargo.

En attendant, les importations de pétrole russe sont en augmentation en Europe du Nord, notamment à Rotterdam, et leur moyenne des quatre semaines passées dépasse 450.000 barils par jour, pour une première fois en trois mois. En Europe du Sud, elles sont en baisse depuis un pic atteint en avril.

(Dés)équilibre du marché

Ces espoirs que l’Asie puisse remplacer l’Europe comme marché d’écoulement du gaz russe avaient cependant eu un impact sur le marché, ces récentes semaines. Ils avaient contribué à faire rechuter le baril sous les 100 dollars. Certains estimaient en effet qu’un équilibre se créerait sur le marché. La production russe ne devait pas chuter faute de clients, car les pays asiatiques devaient prendre le relais des acheteurs occidentaux. Ainsi, il y aurait eu assez de pétrole dans le monde pour satisfaire la demande, du moins en grande partie, et les prix auraient ainsi pu se stabiliser.

Or, cette nouvelle des baisses des importations en Asie, pourrait à nouveau apporter plus d’incertitude sur le marché. Il reste à voir s’il s’agit d’une simple baisse des importations de pétrole (pour des raisons d’inflation, de recul de l’activité économique, etc.) ou si la Chine et l’Inde ont acheté plus de pétrole ailleurs.

En plus de cela, le marché est tendu ces jours-ci, car il ne sait pas exactement comment réagir à l’annonce de l’Arabie Saoudite qui se dit prête à extraire un million de barils par jour supplémentaire, suite à la visite de Joe Biden.

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