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La gigantesque montagne d’armes que les États-Unis ont laissé en Afghanistan sera bien utile aux talibans

La gigantesque montagne d’armes que les États-Unis ont laissé en Afghanistan sera bien utile aux talibans
Getty

Les talibans, l’organisation terroriste qui a pris le pouvoir en Afghanistan à l’été 2021, sont assis sur une véritable mine d’or. Au total, les Américains, partis précipitamment, ont laissé derrière eux un arsenal d’une valeur de 7,2 milliards de dollars.

Pourquoi est-ce important ?

À l'été 2021, les talibans ont lancé une vaste offensive qui aboutit à la chute de la capitale Kaboul le 15 août. Le gouvernement légitime a été renversé et un nouveau, sous l'égide des talibans, a contraint les Américains à battre en retraite rapidement, et bien plus vite que ce qui était prévu dans l'accord signé par le président de l'époque, Donald Trump. Le 30 août, les derniers Américains ont quitté le territoire afghan ; quelque 100.000 civils afghans, employés d'ambassade, traducteurs et mécaniciens ont été évacués par une coalition de pays occidentaux.

L’essentiel : les Américains sont partis, leurs armes sont restées sur place. Des armes d’une valeur de 7,2 milliards de dollars.

  • Ces chiffres ont été communiqués au monde entier par la SIGAR, l’inspection générale spéciale pour la reconstruction de l’Afghanistan. Cette agence du gouvernement américain a été créée pour superviser l’utilisation de l’argent des contribuables américains en Afghanistan.
  • « Au moins 78 avions, d’une valeur totale de 923,3 millions de dollars, 9.524 missiles air-sol (6,54 millions de dollars), plus de 40.000 véhicules, plus de 300.000 armes et pratiquement tous les systèmes de vision nocturne et de communication que nous avions fournis à l’armée afghane ont été abandonnés », peut-on lire dans le dernier rapport de la SIGAR.

Dans ce rapport de 148 pages, intitulé « Why the Afghan Security Forces collapsed » (Pourquoi les forces de sécurité afghanes se sont effondrées), la SIGAR analyse comment le pays s’est complètement effondré en un temps relativement court, tombant aux mains des talibans. Ce document blâme la décision de Trump de retirer l’armée américaine, mais aussi la décision de Biden de ne pas annuler l’accord passé avec les talibans. En outre, l’agence écrit que les causes de l’effondrement étaient depuis bien plus longtemps présentes. Par exemple, les forces américaines et afghanes n’auraient pas réussi à mettre en place un corps militaire solide, malgré 20 ans de coopération et 90 milliards de dollars d’aide américaine.

Les conséquences : Le retrait américain a déclenché une cascade inéluctable qui a conduit à la prise de pouvoir par les talibans.

  • Les troupes afghanes comptaient énormément sur la présence des Américains. Lorsque ceux-ci se sont retirés, le moral des Afghans s’est complètement effondré. Par la suite, la réduction des missions de combat américaines, telles que les frappes aériennes, a permis aux talibans de mieux s’organiser et de dominer les forces afghanes.
  • En outre, les forces de sécurité afghanes n’ont pas réussi à mettre en place une stratégie de sécurité nationale. Ashraf Ghani, le président de l’époque, a décidé de remplacer les hauts gradés de l’armée par certains de ses fidèles. Ce favoritisme a entraîné une nouvelle dégradation de la structure du pouvoir, du moral et de la confiance des soldats et des policiers.

Sous-entendu : les talibans pourraient tirer profit des armes américaines. Moscou observe déjà la situation avec intérêt.

  • Le gouvernement russe aurait déjà sondé le régime de Kaboul pour obtenir ces armes occidentales. En échange, il serait prêt à reconnaître officiellement le régime taliban. C’est ce qu’écrivait notamment The Sun fin janvier.
  • Avec le transfert de véhicules, d’avions ou d’armes, l’armée russe pourrait en même temps en apprendre un peu plus sur la manière dont ces équipements sont assemblés. Bien que cet impact serait sans doute minime, car il s’agit principalement d’équipements un peu plus anciens et, de surcroît, pas des plus avancés sur le plan technologique. Les jeeps Humvee, les véhicules de transport de troupes M1117 ou les véhicules résistants aux mines 115 Maxx Pro existent depuis un certain temps, et les mitrailleuses d’origine américaine n’ont rien de « spécial » non plus.
  • Il convient toutefois de noter que le rapport de la SIGAR ne tient pas compte de l’état de l’équipement. Certains d’entre eux auraient été rongés par les ravages du temps, ou par les conditions difficiles auxquelles ils sont exposés en Afghanistan. De plus, les Américains ont réussi à rendre inutilisable une partie du matériel laissé sur place.

MB

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