Les banques, y compris des banques belges, sont une pièce maîtresse de la machine à blanchir l’argent de la fraude et du crime organisé, révèle la nouvelle enquête – baptisée FinCEN Files – du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), dont fait notamment partie Le Soir.
Selon les documents qui ont fuité, ces banques ont permis que quelque 2.000 milliards de dollars d’argent sale parcourent la planète.
‘Certaines banques notifient les transactions suspectes beaucoup trop tard, après avoir négligé dans un premier temps d’importants signaux de blanchiment. Parfois, les banques recourent à de simples recherches Google pour tenter d’identifier la personne à l’origine d’une transaction de plusieurs millions. Dans d’autres cas, elles ne se mettent à signaler des transactions suspectes qu’après la mention d’un de leurs clients dans un article de presse un brin critique’, écrit Le Soir.
ING, KBC, Belfius, BNP Paribas Fortis…
‘Les banques belges ne sont pas toutes blanches non plus. Notre pays apparaît à maintes reprises dans les FinCEN Files. De Tijd Knack et Le Soir ont fait des maths: 365 des 2.100 SAR (suspicious activity report) contiennent au moins une fois le mot ‘Belgium’ et ING, KBC, Belfius et BNP Paribas Fortis, soit les quatre premières institutions du pays, y sont toutes citées avec plus ou moins d’occurrences’, poursuit le quotidien.
‘Elles sont mentionnées dans les rapports qui ont fuité car des comptes logés en Belgique sont utilisés pour des transferts qualifiés de suspects, allant de quelques centaines à plusieurs millions de dollars’, ajoute-t-il.
L’enquête du Consortium a été lancée il y a 16 mois. Elle regroupe plus de 2.100 documents décortiqués et enrichis par plus de 400 journalistes de 88 pays.
‘Les banques ne peuvent pas tout faire seules’
Les banques font ce qu’elles doivent faire en matière de signalement des transactions suspectes, mais les ‘FinCEN Files’ prouvent à nouveau qu’elles ne peuvent pas combattre, à elles seules, la criminalité, a réagi dimanche soir la fédération européenne des banques (EBF).
Dans un tweet, le directeur de la communication de l’EBF revient sur l’appel lancé en mars par sa fédération pour une amélioration de la lutte contre le blanchiment au niveau européen. À l’époque, l’EBF avait plaidé pour davantage d’harmonisation au sein de l’UE, une supervision plus efficace et des règles plus strictes.
L’action d’ING s’effondre
Dans la foulée de ces révélations, l’action d’ING a chuté ce lundi matin sur les Bourses de Bruxelles et d’Amsterdam. Selon les ‘FinCEN Files’, la filiale polonaise de la banque néerlandaise aidait depuis des années ses clients à canaliser des fonds douteux en provenance de Russie.
Après une demi-heure d’échanges boursiers, ING était en baisse de plus de 6,5%, le plus important recul d’un indice Bel20 dans le rouge.
Selon ces ‘FinCEN Files’, qui se basent sur des documents américains confidentiels, deux obscures sociétés néerlandaises, qui faisaient affaire avec la filiale polonaise ING Bank Slaski, sont des acteurs clés dans la fuite des capitaux de la Russie vers l’Occident.
ING a déclaré qu’elle avait déjà mis fin à la relation client avec l’une des parties en 2018 et qu’elle était en train d’en faire de même avec l’autre.
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